dimanche 29 avril 2018

Die : ce vendredi 3 mai 2018 à 20heures : Film et Dialogue AVATAR de James Cameron...



« Avatar »  Film–Dialogue de James Cameron

Vendredi 4 mai 2018, à 20h, salle Communautaire du Palais Social, place de l’Évêché, 26150 Die.
Comme chaque 1er vendredi du mois, Ecologie au Quotidien,  vous présente un film, suivi d’un échange.  En partenariat avec l’Espace Social et Culturel du Diois, Cinéma Solidaire, animé par Mediascitoyensdiois… Ce temps convivial permet d’échanger sur tous les sujets sans apriorsi. Vous pouvez faire des propositions de Films-Débats voire d’intervenants.
( Préparation et Présentation à 19h30 )  Gratuit (2h42)
L’action se déroule en 2154 sur Pandora, une des lunes de Polyphème, une planète géante gazeuse en orbite autour d'Alpha Centauri A, le système solaire le plus proche de la Terre. L’exolune, recouverte d’une jungle luxuriante, est le théâtre du choc entre des humains, venus exploiter un minerai rare susceptible de résoudre la crise énergétique sur Terre, et la population autochtone, les Na’vis, qui vivent en parfaite symbiose avec leur environnement et tentent de se défendre face à l’invasion militarisée. Un programme est créé par les Terriens, le programme Avatar, qui va leur permettre de contrôler des corps Na’vi clonés associés aux gènes d'êtres humains, afin de s’insérer dans la population et de tenter de négocier avec elle. En effet, un clan Na'vi important, les Omaticaya, est installé dans un arbre-maison gigantesque situé sur un des principaux gisements de ce minerai convoité par les Terriens, l'unobtanium. Les militaires protégeant les équipes de recherche voient d'un mauvais œil le projet Avatar, beaucoup trop lent pour eux. Ils sont convaincus que la force brutale tirée de leur avance technologique leur permettrait de conquérir la planète en quelques jours. Le personnage central de l’histoire est Jake Sully, un Marine paraplégique qui, via son avatar, va devoir choisir son camp avec pour enjeu, le destin de la planète.

- « Avatar » : l’écologie doit être anticapitaliste
Après l’échec du Copenhague institutionnel et la vivacité du Copenhague mouvementiste, on peut être tenté de se tourner vers la vitrine du marketing électoral d’Europe Ecologie. La bonne nouvelle ne viendrait-elle pas plutôt, et paradoxalement, d’un vieux routier de l’industrie hollywoodienne, James Cameron, avec son « Avatar » ?                                                                               
Pas le plus écolo, Marx pointait déjà la contradiction capital/nature  .   Marx, quelque peu fasciné par le productivisme industriel de son époque, n’était pas exempt d’ambiguïtés quant au rapport capitalisme/nature. Toutefois, il avait également commencé à percevoir une des contradictions principales travaillant le capitalisme en interaction avec la contradiction capital/travail : la contradiction capital/nature. Ainsi, pour lui, la production capitaliste épuisait « les deux sources d’où jaillit toute richesse : la terre et le travailleur » (« Le Capital », livre I, 1867).       
- Pour Gorz, impossible d’éviter la catastrophe sans rupture radicale    André Gorz prolongea cette analyse en notre début de XXIe siècle : « La question de la sortie du capitalisme n’a jamais été plus actuelle », écrit-il dans « Ecologica » (éd. Galilée, 1998). Et d’ajouter par avance : « Il est impossible d’éviter une catastrophe climatique sans rompre radicalement avec les méthodes et la logique économique qui y mènent depuis cent cinquante ans. »                                                                                                                   C’est dans une telle perspective que s’est récemment situé le journaliste Hervé Kempf : « Pour sauver la planète, sortez du capitalisme » (éd. du Seuil, 1999). 
                                                                                                                  
- « Avatar » : Hollywood dans la galaxie anticapitaliste ?                                     Les dénonciations gauchistes du capitalisme hollywoodien sont si courantes que les esprits anticapitalistes pourraient avoir du mal à reconnaître des potentialités critiques dans une de ses productions.
- Et pourtant…                                                                                               A des années-lumière de la Terre, la planète Pandora est sous colonisation américano-occidentale. Un minerai rare suscite la convoitise d’une multinationale (« The Company », comme dans la série des « Aliens »), appuyée par des troupes militaires. L’argument de la rentabilité financière (la rétribution des actionnaires est directement évoquée dans le film) pousse à la double destruction de la nature et du peuple Na’vi. Ecocide et génocide constituent ici un double horizon de la logique du profit. Cameron met en quelque sorte en images et en son une forme extrême de la contradiction capital/nature. La trame narrative de la science-fiction, reconfigurée avec de nouveaux effets spéciaux numériques, projetée en 3D, donne une vérité éthique et politique proprement cinématographique à une composition fictionnelle.
- Une critique sociale, sur un plan sensible et intelligible                               Ce dispositif cinématographique nous permet d’explorer au plus près de nos sensations un autre monde, celui de Pandora et des Na’vis, en jouant tour à tour sur la frayeur, la surprise ou la joie de la découverte. La critique sociale s’exprime sur un double plan sensible et intelligible.
Cet univers étrange, qui nous fait d’abord peur, puis nous émerveille, constitue moins un des « autres mondes possibles » des altermondialistes que l’envers de notre propre monde, un lieu imaginaire qui permet de mieux repérer les failles de notre réalité quotidienne à la manière de l’île d’Utopia chez Thomas More. Certes les Na’vis ont comme un parfum New Age, traînant une vision stéréotypée de la communion de « primitifs » et de la nature. Mais le savoir-faire particulier des auteurs les plus originaux des films et des séries télévisées hollywoodiens consiste justement à prendre appui sur certains stéréotypes pour en interroger d’autres. Nous sommes pris par la main dans la familiarité d’autoroutes standardisées, mais ça et là s’ouvrent des sentiers critiques, dans un cocktail détonnant de douces évidences et de piments plus corsés.              
- Sully vit une conversion existentielle, comme ces militants anticapitalistes…                                                                                                                                       L’anticapitalisme d’« Avatar » est indissociablement collectif et individuel. Se désintoxiquer de l’imaginaire capitaliste passe aussi par une transformation de soi. Jake Sully (Sam Worthington, déjà remarqué dans « Terminator 4 »), ancien marine immobilisé dans un fauteuil roulant devenant « pilote » mental d’un avatar (corps hybride d’ADN humain et de Na’vi), va connaître une véritable conversion : d’inflitré chez les Na’vi à protecteur de leur mode de vie, de soldat impérialiste à eco-warrior. Sully a quelque parenté avec la figure des « militants existentiels » anticapitalistes, caractérisée « par un travail spirituel et politique de chacun de nous sur lui-même, soutenu par des communautés de vie », promue récemment par le philosophe de l’économie Christian Arnsperger dans son stimulant ouvrage « Ethique de l’existence post-capitaliste » (éd. du Cerf, 2009). Cette révolution culturelle personnelle prend les chemins de la fragilité dans « Avatar » : un handicapé à l’âme guerrière, fasciné au départ par les capacités supposées illimitées de son avatar, finira par assumer ses faiblesses d’être humain mortel.                                                           
- Une écologie radicale, loin des niaiseries...                                                                            Cependant, Cameron ne suivrait pas Arnsperger dans son choix de la conversion existentielle contre la voie révolutionnaire classique des rapports de forcesDans une conjoncture de menace extrême, « Avatar » justifie le recours au combat et à la force. Dans certaines circonstances, l’anticapitaliste vert conséquent doit aussi savoir prendre les armes (au sens métaphorique, n’impliquant pas nécessairement le maniement de la kalachnikov). Cette écologie radicale appelle des clivages, des conflits, des affrontements. La transformation personnelle et l’action collective contre les forces dominantes apparaissent associées et non pas opposées.   
 Ecologie au Quotidien Rhône-Alpes
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