RIO DE JANEIRO - Rio+20 a accouché de formules creuses réveillant l'ardeur de la société civile
"On est déçu, mais ce n'est pas un échec", affirmait un participant. Ce n'est qu'"un point de départ", assurait la présidente brésilienne Dilma Rousseff.
Ratifié vendredi soir par les représentants de 193 pays, dont près d'une centaine de chefs d'Etat et de gouvernement, le texte d'accord final, "l'avenir que nous voulons", a de quoi laisser les participants sur leur faim.
On y évoque l'économie verte, qui pourrait répondre aussi bien à la crise économique qu'à la dégradation de la planète, mais sans fournir de lignes directrices, sans rien imposer. On décide un renforcement du programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE), mais sans lui donner la force et l'autonomie d'une vraie agence de l'ONU.
Au milieu de formules consensuelles préservant les égoïsmes nationaux, se glisse le principe d'objectifs du développement durable, "en nombre limité, concis et tournés vers l'action". Concernant tout le monde, pays riches ou pays pauvres, ils devraient être mis en place d'ici 2015, avec échéance probable en 2030.
Un "calendrier serré, intensif", remarque Laurence Tubiana, directrice de l'IDDRI (Institut du développement durable et des relations internationales), pour qui ces objectifs représentent "l'acquis principal du sommet, sans hésitation". "Il y a une volonté de réussir", dit-elle.
"Rio, ça dit qu'on est incapable "aujourd'hui" de trouver un accord face aux défis planétaires environnementaux et sociaux, mais ça dit aussi qu'il nous faut trois ans", estime Ronan Dantec, sénateur EELV et porte-parole pour le climat de l'organisation mondiale Cités et Gouvernements Locaux Unis (CGLU).
Un sommet comme Rio+20 crée une dynamique. Les jeunes le disent bien qui, en quittant Rio, affirment vouloir faire "bien davantage" pour le développement durable. Les représentants des collectivités locales répétent à l'envi que c'est d'eux que tout dépend, que c'est à leur niveau que tout se fait, et qu'ils ont trouvé à Rio de nouvelles idées.
"La réussite de cette conférence, c'est que ca a lieu, les gens viennent pour discuter, partager leurs espoirs, leurs difficultés", dit Brice Lalonde, qui en a été le co-coordinateur.
Les ONG ont cependant massivement manifesté leur colère devant le peu de résultats concrets du sommet. "Dans l'avenir que nous voulons, il y a de l'engagement et de l'action, pas seulement des promesses", ont-elles lancé.
Elles se sont juré de rebondir, de revenir aux actions de proximité, trouvant dans ce qu'elles qualifient d'"échec" une énergie nouvelle pour transformer, disent-elles, "la colère en action".
"L'échec de Rio+20 donnera aux gens plus d'énergie pour se mobiliser et se battre pour la planète", a déclaré Daniel Mittler, de Greenpeace.
A l'issue de la conférence, nombre de participants s'interrogeaient cependant sur la nécessité de ces confrontations d'Etats aux intérêts particuliers. "Ca montre l'impuissance du politique, la paralysie du système, ça rend pessimiste sur sa capacité à générer quelque chose", estimait Laurence Tubiana.
"193 pays qui doivent atteindre l'unanimité, c'est difficile, peut-être il faut modifier le système de fonctionnement", admet Brice Lalonde. "C'est une structure inadaptée", affirme Gilles Berhault, président du Comité français pour le développement durable, pour qui la souveraineté des pays n'est plus de mise dans un monde "interdépendant".
Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-Moon a fermé le ban en martelant, en clôture de la conférence, la plus large jamais organisée par les Nations-unies: "Les discours sont terminés, maintenant commence le travail". Et il a ajouté : "Le chemin est long et ardu, l'aiguille de l'horloge court, et l'avenir est entre nos mains". Chacun en était bien conscient.
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