Les éoliennes... pour ou contre ?
Nous avons eu ce débat entre « Vallée de a
Drôme Energie Citoyenne » de Crest
et Roger Mathieu environnementaliste et grand pourfendeur de l’éolien…à
propos d’ un projet en route sur la Commune de La Roche sur Grâne défendu par Mme Simon et aussi légitimé par Mme Annie Agier, Conseillère Régionale .
- l’éolien est particulièrement adapté à la partie
ouest de la vallée de la Drôme très
ventée : Mistral.
- un projet à la Roche sur Grâne d’implantation
d’éoliennes avec un investissement local de particuliers et de collectivités
- pour mémoire, 12 éoliennes permettraient de
répondre aux besoins de toute la population de la Biovallée
- Jean Serret, président de la Biovallée® rappelait
le 10 mars 2009 l’objectif d’arriver à une autonomie énergétique de la vallée.
Nous avons effectivement de l’eau, du soleil, du vent et du bois.
- 2020 : la consommation énergétique de la
Biovallée® couverte par sa production d'énergies renouvelables. Et pour cela
mise en place d’un service unique d'information et de conseil pour les
économies d'énergie et les éco-matériaux en 2010. 80% des rénovations publiques
aux normes "Effinergie réhabilitation". Réhabilitation progressive de
tout le parc de logements sociaux aux normes Effinergie. 80% des bâtiments
neufs à moins de 50KW/m². ( Extrait du protocole Biovallée®).
- La Biovallée® souhaite donc traiter de la
question du bois, de l’isolation de l’habitat, de l’éolien, de l’hydraulique et du photovoltaïque. Et des
économies d’énergies. Claude Veyret
Au-delà de l’élément
subjectif que constituent les aspects paysagers, le contexte de l’épuisement
des sources d’énergie fossiles nécessite une réduction drastique de notre
consommation d’énergie, un investissement massif dans les techniques les plus
économes en énergie (l’efficacité énergétique), et un recours maximum à toutes
les formes de production d’énergie renouvelable.
Je ne souhaite pas prendre
position sur les aspects paysagers parfois mis en avant pour refuser leur
implantation : cet élément me semble trop subjectif, et la décision
d’utiliser ou non cet argument doit être laissée aux personnes qui seront
amenées à vivre à proximité des lieux d’implantation.
Cet argument paysager est
néanmoins fort ambigu, puisque certains acceptent sans broncher l’installation
de lignes à haute tension dont les pylônes sont bien moins élégants que les
éoliennes, sans même parler des câbles électriques qui rayent l’horizon de part
en part...
Et sous ces paysages que
nous prétendons défendre au nom des générations futures, nous n’hésitons pas à
enterrer nos poubelles et nos déchets nucléaires.
N’oublions pas que les
éoliennes ne sont la plupart du temps installées que pour une vingtaine
d’années et que leur démantèlement, au profit éventuel d’autres techniques
devenues entre-temps plus rentables, est non seulement aisé et peu coûteux,
mais aussi garanti par un fonds financier constitué par leur promoteur.
Si certaines personnes et
associations s’opposent systématiquement et sans nuance à tout projet
d’implantation, il me semble pourtant utile d’adopter une approche plus calme
et plus objective de cette problématique.
En effet, bien des
chiffres et arguments avancés par ces détracteurs relèvent de la plus pure
fantaisie.
Reprenons-en
quelques-uns :
La production
éolienne est aléatoire, car tributaire de la météo.
Cette variation de
production est intégrée dans la gestion générale du réseau électrique. De
nombreux pays européens, plus en avance que nous dans le domaine éolien, gèrent
ces variations sans le moindre problème. Par exemple, le Danemark où l’éolien
assure actuellement plus de 25% de la production d’électricité, gère son réseau
sans difficulté.
La période de
fonctionnement d’une éolienne n’excèderait pas 120 jours par an.
Il s’agit là d’une période
de fonctionnement fictive, équivalente à la pleine puissance de la machine. En
réalité, une éolienne fonctionne presque tous les jours, mais à des puissances
variables suivant la force du vent. C’est l’énergie totale annuelle qui compte
et qui est reprise dans les calculs de rentabilité. Et cette rentabilité est
bien réelle ! Sans cela, des pays comme l’Allemagne, le Danemark, et bien
d’autres encore, n’auraient pas installé des milliers d’éoliennes sur leur
territoire, et ne continueraient pas à en installer.
La production
éolienne se retrouve à nouveau aux mains de lobbies industriels.
Nous regrettons vivement
que les pouvoirs régionaux et communaux manquent, à quelques exceptions près,
une réelle occasion de se réapproprier la maîtrise de la production d’énergie.
Mais refuser l’énergie éolienne sous prétexte qu’elle n’est pas d’initiative
publique ou citoyenne, c’est nécessairement laisser cette place à la production
d’électricité nucléaire et donc à Electrabel qui ne peut raisonnablement pas
être assimilée à une entreprise de « générosité publique ».
Alors, pourquoi, deux
poids, deux mesures ?
Une éolienne nécessiterait
pour sa construction plus d’énergie qu’elle n’en produit.
Le bilan énergétique pour
la construction, l’exploitation et le démantèlement d’une éolienne est
compensé, dans les cas les plus défavorables, en moins d’un an. Au-delà de
cette période, l’éolienne produit une énergie 100% propre. Par comparaison, une
centrale nucléaire doit fonctionner pendant environ huit ans pour produire en
électricité toute l’énergie qui a été consommée lors de sa construction
(aciers, bétons, etc.) !
Tous les éléments
de l’éolienne ne seraient pas recyclables.
98 % des matériaux
employés sont recyclables, seules les pales constituées de fibre de verre
doivent être traitées en décharge de classe 2 (déchets industriels non
dangereux et déchets ménagers). Peut-on en dire autant pour les autres
centrales de productions d’électricité (nucléaires notamment) ?
L’implantation
d’éoliennes impliquerait une forte dépréciation immobilière.
Il est généralement admis
l’existence d’un léger effet dépréciateur momentané sur la valeur immobilière
locale, en cas d’annonce d’un projet éolien. Lorsque le projet est en fonction,
l’immobilier reprend le cours normal du marché. La perte de 30% de valeur est
par contre complètement fantaisiste et ne correspond en rien aux constats sur
le terrain.
Pourquoi ne pas se
limiter à l’implantation des éoliennes en mer ?
L’implantation en mer, est
plus coûteuse que sur terre, et les conditions météo rendent plus difficile
voire parfois momentanément impossibles les travaux de maintenance. Le meilleur
rendement de ces installations compense néanmoins ces inconvénients. D’autre
part, vu les espaces disponibles en mer (à la côte belge, du moins), et
surtout, vu notre consommation boulimique d’énergie, il est également
nécessaire d’installer des éoliennes sur terre, dans les zones qui s’y prêtent.
L’éolien a
nécessité de gros investissements publics à la charge des citoyens.
Les technologies nouvelles
ont toujours nécessité un soutien financier public lors des phases de
recherche, de développement et de déploiement initial. Cela a été le cas pour
toutes les sources d’énergie, fossiles et nucléaire inclus. Il est nécessaire
de rappeler que, dans des pays comme la Belgique ou la France (p.ex.), environ
65% des subsides alloués par l’Etat vont... au nucléaire ( !), environ 30%
aux énergies fossiles (gaz, pétrole, charbon), et seulement environ 5% vont à
toutes les énergies renouvelables (hydraulique, solaire, éolien, biomasse,
etc.).
Ainsi, depuis les années
’70, l’Etat Belge alloue, chaque année, environ 150 millions d’euros au secteur
nucléaire dans son ensemble (chiffres actualisés)... Quant à la gestion des
déchets radioactifs et le démantèlement des centrales nucléaires en fin de vie,
nous pouvons nous attendre à de très mauvaises surprises financières... du
moins si nous voulons gérer ces problèmes avec un minimum de sérieux et de
sécurité sanitaire.
L’éolien
constituerait un danger majeur pour la faune. Probablement un des arguments les
plus galvaudés !
Les chiffres avancés ne
tiennent compte d’aucune réalité et négligent volontairement de faire mention
des causes réelles de mortalité des oiseaux : 58% par collision avec les
immeubles et les vitres, 14% par collision avec les lignes à haute tension, 11%
par prédation par les chats domestiques, 8% par collision avec les automobiles,
7% à cause des pesticides, 1 % par la collision avec les tours de
communication, et moins d’1 % pour les éoliennes.
Les chiffres avancés de 25
oiseaux/éolienne/an ne constituent donc qu’un mensonge de plus pour dénigrer
l’éolien, et ne reposent sur aucune donnée fiable. Seule une étude approfondie
préalable de l’avifaune locale et un suivi de plusieurs années permettraient de
mesurer cet impact avec précision. Le principe de précaution dans et à
proximité des sites Natura 2000 et en Zones de Protection Spéciale reste
évidemment incontournable.
Les éoliennes
seraient bruyantes.
Allez donc vous promener,
par vent fort, sur les sites où sont implantées les grandes éoliennes de
dernière génération. Vous jugerez par vous-même. Vous constaterez qu’elles ne
font pas plus de bruit que... le vent dans les arbres ! Allez-y, prenez
votre temps, écoutez...
Quant aux infrasons,
ultrasons, ou autres « vibrations mystérieuses », ils sont
plutôt le fruit d’imaginations inquiètes, ainsi que le produit d’appel de
quelques sites Internet en mal d’audience.
Les éoliennes ne
résisteraient pas aux tempêtes.
Comme toute construction
humaine, une éolienne a une certaine résistance maximale, au-delà de laquelle
son intégrité est menacée. Lors de sa conception, le fabricant tient compte des
vitesses de vent maximales mesurées sur le site d’implantation, et majorées
d’un coefficient de sécurité supplémentaire. Certaines éoliennes installées sur
des îles, en plein océan, peuvent ainsi résister à des vents de plus de 250
Km/h ! Les dernières tempêtes européennes (en France notamment) ont fait
des massacres parmi les pylônes de lignes à haute tension... mais aucune
éolienne n’a souffert. Bien sûr, un accident (dû à un défaut, p.ex.) peut
toujours survenir. Mais dans le cas des éoliennes, les conséquences d’un tel
accident n’ont aucune mesure de comparaison avec les perturbations provoquées
par les bris de lignes à haute tension ... et ne parlons même pas des
conséquences d’un échouage de pétrolier, ou d’un accident dans une centrale
nucléaire...
D’autres aspects
mériteraient encore d’être développés, mais la place manque ici pour le faire.
Je ne pourrai jamais assez
inciter toutes les personnes confrontées à une demande de permis d’implantation
d’éoliennes, de bien se renseigner et de réfléchir calmement avant d’émettre
une opinion.
Il y a les
éoliennes, mais il y a aussi tout le contexte...
Au rythme de la
consommation mondiale actuelle, nous disposons de réserves de charbon pour une
période de 100 à 200 ans, de pétrole pour 30 à 40 ans, de gaz naturel
pour 60 à 80 ans et d’uranium pour 40 à 60 ans.
Au-delà, il restera un peu
d’énergie fossile disponible mais sa rareté et les difficultés d’extraction, en
influant sur les prix, la mettront hors de portée financière de la grande
majorité de la population.
Cela revient à dire que
notre génération (j’ai 56 ans), responsable de cette logique de surconsommation
énergétique, ne laissera à la génération suivante (nos enfants) que peu de
moyens pour leur permettre une vie comparable à la nôtre.
Pouvons-nous, de surcroît,
leur refuser les moyens d’inverser cette tendance ?
Refuser l’éolien, n’est
donc pas une démarche sans conséquence, et aura des implications extrêmement
importantes sur la qualité de vie de ceux qui nous suivrons.
Mais, ne me faites pas
dire ce que je n’ai pas dit !
L’éolien à lui seul ne
résoudra pas grand-chose.
Sans une réduction
drastique de notre consommation d’énergie, un investissement massif dans les
techniques les plus économes en énergie (l’efficacité énergétique), et un
recours maximum à toutes les formes de production d’énergie renouvelable
(éolien, solaire photovoltaïque, solaire thermique, biomasse, hydraulique,
etc.), les pénuries d’énergie, le changement climatique, et leurs conséquences
désastreuses ont encore de beaux jours devant eux.
Pour éviter cela, il faut
apprendre à vivre autrement .... Afin que nos enfants et petits enfants
puissent tout simplement vivre !
Chacun doit assumer sa
responsabilité sociétale, et agir à son niveau.
Dans l’association que je
représente, bien des personnes ont déjà entamé ces changements :
utilisation de l’eau de pluie, jardins potagers, panneaux solaires,
amélioration de l’isolation, choix d’une électricité verte, modes de
déplacements doux, consommation locale, etc.
C’est le moins que nous
puissions faire.
Ecologie au Quotidien
DIE, Rhône-Alpes,
France
Le Chastel 26150 DIE
Tel
: 04 75 21 00 56
« Réseau Diois Transition Biovallée de la
Drôme »
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