Les ONG ont salué à l'unisson
jeudi à la conférence environnementale la suppression des crédits à
l'exportation pour des projets liés au charbon et l'ouverture du
chantier de la démocratie participative, annoncées par François
Hollande. Conférence environnementale: les ONG saluent la fin du soutien au charbon Une aire de stockage à charbon d'une usine à Blénod-lès-Pont-à Mousson, le 21 mars 2013 Les ONG ont salué à l'unisson jeudi à la conférence
environnementale la suppression des crédits à l'exportation pour des
projets liés au charbon et l'ouverture du chantier de la démocratie
participative, annoncées par François Hollande.
«Une chose
importante, essentielle, c'est l'arrêt des subventions aux exports
charbon qu'on demandait», a réagi Philippe Germa, président de WWF
France, à l'issue du discours du président de la République.
L'engagement
d'agir au niveau européen pour aller vers la fin des subventions à
toutes les énergies fossiles, «c'est aussi une bonne chose», a déclaré
le responsable de WWF.
Sylvain Angeraud, des Amis de la Terre,
s'est également réjoui de cette volonté de ne plus soutenir les énergies
fossiles, principales responsables des émissions de gaz à effet de
serre à l'origine du réchauffement climatique: «pour la première fois
depuis 10 ans, on met cette question des énergies fossiles sur la
table».
«On veut que ce soit concrétisé en 2015», a lancé le militant écologiste.
«La
France est aussi actionnaire d'entreprises publiques impliquées dans de
nombreux projets liés au charbon dans les pays de l'est et elle doit
utiliser son rôle d'Etat actionnaire pour demander à EDF ou GDF l'arrêt
de ces investissements», a ajouté Sylvain Angeraud.
Denez
L'Hostis, président de France nature environnement, y voit «un geste
positif». «Ca restera à vérifier», a-t-il prévenu, mais «on rebat un peu
les cartes et ça fait du bien». Selon lui, le président «est peut-être
devenu +climato-friendly+, beaucoup plus que précédemment».
A la
Fondation Nicolas Hulot, Matthieu Orphelin s'est réjoui de «trois
annonces importantes»: sur les crédits charbon, la démocratie
participative, et sur les pesticides néonicotinoïdes.
«Il faut
d'autres avancées dans les tables rondes», a-t-il poursuivi car «nous
sommes restés sur notre faim sur un tas d'autres sujets: la mobilisation
climat et comment on la concrétise au niveau national (...) les
transports et la mobilité sans un mot sur l'écotaxe, sur l'évolution des
aides pour changer de véhicules, sur les cantines bios».
Sur la
démocratie participative, que Hollande veut renforcer pour les projets
ayant un impact environnemental, le porte-parole de FNH «a bien noté
l'étude de toutes les alternatives».
«Pour Notre-Dame-des-Landes,
par exemple, c'est enfin peut-être la réouverture des alternatives à ce
projet de nouvel aéroport», a-t-il confié.
Pour Denez L'Hostis, «c'est extrêmement positif que ce chantier soit ouvert».
«A
la fin», le président «est venu me voir et m'a dit +on doit ça à Rémi
Fraisse+», a confié le président de FNE. «Il ne faut pas que cette mort
ait été inutile car Sivens n'est pas un projet isolé». Planète
Les experts sur le climat ont publié dimanche à Copenhague ...
Agir contre le réchauffement sans attendre pour le limiter...
Le secrétaire général des
Nations Unies Ban Ki-moon lors d'une conférence de presse à Nairobi le
29 octobre 2014
Les experts sur le climat ont publié dimanche à Copenhague
une évaluation mondiale dont le message est clair: face à l'ampleur du
réchauffement, il faut agir vite pour réduire les émissions de CO2, ce
qui est possible. «Nous avons peu
de temps avant que la possibilité de rester sous les 2°C ne
disparaisse», a déclaré Rajendra Kumar Pachauri, le président du Giec
(Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat), qui a
réalisé la plus complète évaluation du changement climatique depuis
2007.
Elle doit servir de base scientifique aux responsables
politiques dans les négociations internationales devant aboutir fin 2015
à Paris à un accord global.
Les ministres français des Affaires
étrangères Laurent Fabius et de l'Ecologie Ségolène Royal ont appelé à
«une mobilisation universelle et immédiate» sur le changement
climatique, «menace grave pour la biodiversité, la sécurité alimentaire
et la santé».
Le président français François Hollande a assuré
dimanche que le France et le Canada étaient déterminés à «agir ensemble»
sur les enjeux de l'environnement et du climat à son arrivée dans ce
pays pour une visite d'Etat.
Pour le secrétaire d'Etat
américain John Kerry, «ceux qui décident d'ignorer ou de contester la
science (...) nous mettent tous en danger, ainsi que nos enfants et
petits-enfants». Ban Ki-moon, le secrétaire général de l'ONU s'est
élevé contre «le mythe» selon lequel «agir pour le climat sera
coûteux». «Je peux vous dire que ne pas agir coûtera plus, beaucoup
plus», a-t-il affirmé.
La communauté internationale s'est fixé
comme objectif de maintenir la hausse globale des températures sous le
seuil de 2°C, afin de limiter les impacts du changement climatique déjà à
l'oeuvre et dont la vitesse est inédite.
Pour garder le cap des
2°C, les émissions mondiales de gaz à effet de serre (CO2, méthane,
protoxyde d'azote) doivent être réduites de 40 à 70% entre 2010 et 2050,
et disparaître totalement d'ici 2100, estiment les scientifiques.
Cela
implique de se détourner massivement des énergies fossiles, d'améliorer
fortement l'efficacité énergétique, de limiter la déforestation, etc,
et d'investir pour cela des centaines de milliards de dollars d'ici à
2030.
Pour autant, ce tournant énergétique ne compromettrait pas
la croissance mondiale, mettent en avant les experts (climatologues,
économistes, océanographes, etc).
Des efforts «ambitieux» de
réduction de gaz à effet de serre feraient baisser de 0,06 point le taux
annuel de la croissance mondiale, estimé entre 1,6 et 3% au cours du
21e siècle, avancent-ils.
«Nous avons les moyens de limiter le
changement climatique», a insisté M. Pachauri. Youba Sokona,
vice-président du Giec, souligne de son côté que «plus nous attendons
pour agir, plus ce sera couteux». Record de 800.000 ans
Et s'il n'était pas «contrôlé», le changement climatique aurait des impacts «graves, étendus et irréversibles», indique le Giec.
Pour
les auteurs du rapport, «limiter les effets du réchauffement climatique
pose la question de l'équité et de la justice et est nécessaire pour
atteindre un développement durable et éradiquer la pauvreté».
Les
experts soulignent que les populations les plus vulnérables, notamment
celles des pays les moins développés, auront moins de moyens pour faire
face aux impacts du réchauffement.
Cette nouvelle évaluation
globale est le fruit d'un colossal de partage des connaissances (30.000
études passées en revue, 800 auteurs principaux): c'est la cinquième
publiée par le Giec après celles de 1990, 1995, 2001 et 2007.
«L'atmosphère
et les océans se sont réchauffés, les quantités de neige et de glace
ont diminué, le niveau de la mer a augmenté», a résumé Thomas Stocker,
vice-président du Giec. Les concentrations de gaz à effet de serre dans l'atmosphère ont atteint les niveaux les plus élevées depuis 800.000 ans.
Conséquence:
la température moyenne à la surface de la planète a gagné 0,85°C entre
1880 et 2012, une vitesse inédite. Celle à la surface des océans a
augmenté de 0,11°C par décennie entre 1971 et 2010.
Le niveau moyen des océans s'est lui élevé entre 1901 et 2010 de 19 cm.
Dans
la région de l'Arctique, qui se réchauffe plus rapidement que la
moyenne de la planète, la surface de la banquise a diminué de 3,5 à 4,1%
par décennie entre 1979 et 2012.
A noter que l'Antarctique suit
le chemin inverse (+ 1,2 à 1,8%), même si certaines régions de ce
continent ont perdu de la glace.
Les impacts sont déjà visibles
sur tous les continents: précipitations accrues dans certaines zones et
en baisse ailleurs, répartition modifiée des espèces marines et
terrestres, rendements agricoles globalement en baisse, vagues de
chaleur plus fréquentes en Europe, Asie, Australie.
Le
réchauffement se poursuivant, le Giec prévient que les conséquences
seront plus lourdes en terme de sécurité alimentaire, de disponibilité
en eau potable, de risques d'inondations et de tempêtes, avec une hausse
probable des déplacements de population et de conflits pour l'accès aux
ressource. Planète
Le projet de construction du barrage de Sivens (Tarn) illustre ...la voracité de l'agriculture destinée aux animaux
Prélever toujours plus d'eau: une équation impossible avec le réchauffement
Travaux de déboisement le 9 septembre 2014 sur le site de Sivens près de Gaillac Le projet de construction du barrage de Sivens (Tarn)
illustre l'équation de plus en plus délicate à résoudre entre la demande
des prélèvements d'eau pour un usage agricole et la disponibilité de la
ressource, une situation aggravée par le réchauffement.
«Il faut
faire des choix conciliant la protection de l'environnement et les
activités économiques», a déclaré mercredi Ségolène Royal, qui a
convoqué mardi une réunion avec les acteurs de la gestion de l'eau en
France.
«Qu'est-ce qu'on autorise comme prélèvements, à quel prix,
au profit de qui ?», a interrogé la ministre de l'Ecologie, pour qui
«ces questions doivent être posées courageusement, en transparence, avec
des règles claires sur l'utilisation des fonds publics pour financer
des barrages ou retenues d'eau».
Selon Bernard Rousseau, expert à
France Nature Environnement (FNE), «sur une grande partie de la France,
les prélèvements sont supérieurs aux capacités de réalimentation». Car,
poursuit le spécialiste, «au delà des chiffrages des hydrogéologues
(...), il y a des pressions locales et il y a beaucoup d'autorisations
de prélèvements qui ne tiennent pas compte de la réalité du milieu».
Dans
un rapport de 2013, le centre d'analyse stratégique (CAS), rattaché au
Premier ministre, constatait «un déficit chronique» en eau dans les
bassins Seine-Normandie, Adour-Garonne et Rhône-Méditerranée.
Les
auteurs soulignaient que «certaines régions (pouvaient) connaître
d'importantes tensions sur la ressource à certaines périodes de
l'année», surtout l'été (arrosage des cultures, des jardins, remplissage
de piscines, activités touristiques, etc.).
Mercredi, Stéphane Le
Foll, le ministre de l'Agriculture, a d'ailleurs rappelé que «la
question de la ressource en eau pour un certain nombre d'agriculteurs et
de zones agricoles (était) aujourd'hui un sujet extrêmement sensible».
«Les sécheresses de printemps se répètent et elles sont extrêmement
dommageables, en particulier pour l'élevage», a-t-il relevé.
Le
CAS prévenait que les régions déjà en difficulté seraient aussi «les
plus à risques» à l'horizon 2030 du fait de la baisse prévisible des
précipitations futures et appelait à «favoriser une agriculture plus
économe en eau». Changer de système de culture, voire de production
«Le secteur agricole, premier consommateur de la
ressource, devrait fortement être touché» et il est «primordial de
considérer ce phénomène comme structurel, en mettant en place des
adaptations de systèmes de culture», affirmait le rapport. Le choix des
semences ou des types d'arrosage peuvent être déterminants.
Le «J'ai besoin de flotte, je fais un barrage» est irresponsable
Or,
selon Bernard Rousseau, «face au changement climatique, au lieu de
faire une mutation de l'agriculture, ce sont les solutions les plus
classiques - "j'ai besoin de flotte, je fais un barrage" - qui sont
mises en place».
La construction de ce type d'ouvrage d'art
rencontre depuis longtemps des résistances dans les milieux écologistes,
et parfois parmi les populations concernées. Si bien que des projets
parfois avancés ne voient pas le jour. C'est le cas du projet de barrage
de Charlas (Haute-Garonne), au pied des Pyrénées, qui a été stoppé en
dépit d'un feu vert gouvernemental délivré en 2006. Le projet s'étalait
sur 625 hectares, une dimension tout autre que la retenue de Sivens qui
doit couvrir une trentaine d'hectares pour 18 agriculteurs.
«La question posée aux
politiques, c'est quelle politique agricole par rapport à la
préservation des ressources en eau», résume Bernard Rousseau. «Les
décideurs doivent introduire dans leurs réflexions la notion de limite»,
insiste-t-il mais «la compagnie d'aménagement des coteaux de Gascogne
(Ndlr, maître d'oeuvre pour la retenue de Sivens, présidée par des élus
locaux) est une machine à faire des barrages».
Enfin, dans un
contexte de réduction des dépenses publiques, la question du financement
de ces projets devient plus épineuse encore et s'ajoute aux critiques
sur les redevances payées aux six agences de l'eau de l'Hexagone par les
différents usagers (ménages, agriculteurs, industrie) qui prennent mal
en compte les coûts de dépollution.
Le projet de Sivens est évalué
à plus de 8,5 millions d'euros ( plus prés des 10 millions, sans compter 2 mois de force de l'ordre), dont la moitié à la charge de l'Agence de
l'eau. Selon le rapport d'experts commandité par Ségolène Royal, cet
aménagement bénéficierait à une quarantaine d'agriculteurs, mais moins de fermes. Et le montage financier est obsolète. Ce projet est un trop vieux projet des années de démantèlement des petites exploitations agricoles. Planète