Villes et Villages en transition : les mots sont importants
Non tout ne se vaut pas et les démarches de transition sont très spécifiques… la vision pragmatique, apolitique et apartisane et subordonnée à un calendrier d'actions n’est pas inspirant pour tous par exemple !
Pas d’actions spectaculaires mais un travail de fourmis qui ne laisse personne au bord du chemin…Cela n’inspire pas tous les militants !
Totnes, Devon : une ville en transition.
Le réseau des villes en transition est un mouvement social qui
rassemble des groupes animant dans leur commune une initiative de transition,
c'est-à-dire un processus impliquant la communauté et visant à assurer la résilience
(capacité à encaisser les crises économiques et/ou écologiques) de la ville
face au double défi que représentent le pic pétrolier et le dérèglement
climatique.Ce mouvement s'inspire d'un exercice de descente énergétique locale, effectué en 2005 par les étudiants du cours de soutenabilité appliquée de l'université de Kinsale (Irlande) sous la direction de Rob Hopkins, formateur et enseignant en permaculture. La première mise en application a été initiée en 2006 dans la ville de Totnes au Royaume-Uni. Depuis, le mouvement est devenu international et compte plus de 460 initiatives officielles2.
L'originalité du mouvement des initiatives de transition par rapport aux mouvements écologistes ou sociaux existants tient en plusieurs points. Tout d'abord, la vision de l'avenir est résolument optimiste, et les crises sont vues comme des occasions de changer radicalement la société actuelle. La deuxième originalité est que le mouvement concerne la communauté dans son ensemble car c'est cette dernière qui doit porter le changement. L'action ne doit pas exclusivement venir des gestes individuels quotidiens, ni des instances politiques via la législation. C'est pourquoi le mouvement des initiatives de transition est apartisan et choisit généralement d'éviter les confrontations (manifestations…). Ensuite, le mouvement a développé une théorie psychologique inspirée de celle des traitements des dépendances toxicologiques pour tenter de traduire le désespoir ou le déni souvent consécutifs à la découverte du pic pétrolier et de notre dépendance au pétrole, en actions concrètes. Cette originalité semble à la source du succès que connaît le mouvement des villes en transition2, mais elle suscite aussi des critiques, notamment sur le manque d'engagement politique.
Étant donné le succès assez large de la notion de « transition » dans le vocabulaire politique et institutionnel, il est important de distinguer le réseau des villes en transition (un mouvement social coordonné) par rapport aux autres acceptions plus vagues et plus générales comme la transition énergétique.
Les raisons
Le pic pétrolier
Courbe théorique du pic de production
La notion de pic pétrolier n'exprime pas la fin des réserves de pétrole,
mais traduit la fin du pétrole conventionnel bon marché. À l'échelle d'une
région, la production de pétrole suit une courbe de distribution normale (voir
le cycle d'exploitation d'un gisement), c'est-à-dire que la production croît
rapidement, avant de s'infléchir, de passer par un plateau de production, pour
suivre le mouvement inverse. Le pic pétrolier est la date à laquelle la courbe
de production mondiale n'augmentera plus, traduisant le maximum de production
atteint. À ce moment-là, et pour la première fois, la demande excèdera
durablement la production, provoquant une hausse des prix qui s'intensifiera à
mesure que la production décroîtra.L'estimation de la date du pic pétrolier varie suivant les compagnies pétrolières, les institutions officielles et les associations d'étude du pic. Ces différences peuvent provenir d'une vision différente (vision économiciste dans laquelle la production suit la demande), d'une divergence sur la théorie (la notion même de pic pétrolier), de l'incertitude sur l'estimation de certaines données (les réserves sont des données géostratégiques) ou sur différents modes opératoires de calcul (prise en compte ou non du pétrole non conventionnel). De plus, la consommation, autre variable affectant le pic, est soumise à des évènements (externes ou issus de rétroactions), par exemple politiques ou économiques. Les différents pronostics vont donc du déni d'un pic pétrolier pour l'OPEP, à l'horizon 2020 pour la compagnie Total, ou en 2008 pour l'ASPO (association pour l'étude du pic du pétrole et du gaz naturel).
La « descente énergétique »
Les initiatives de « transition », qui nécessitent une descente énergétique (energy descent), s'intéressent aux réponses à apporter pour résister aux différentes crises, dont celle du « pic pétrolier ».Aussi, plus que supporter le pic lui-même, l'enjeu est le futur énergétique dicté par la déplétion de pétrole. La tentation d'exploiter les gaz de schistes peut freiner les démarches de transition.
Le concept de « descente énergétique » (energy descent) est défini par Rob Hopkins comme « le déclin continu de l'énergie nette sur laquelle se base l'humanité, qui est le reflet de la montée énergétique qui a pris place depuis la révolution industrielle. La descente énergétique se réfère également au scénario d'un futur dans lequel l'humanité s'est adaptée avec succès au déclin des énergies fossiles disponibles et est devenue plus locale et autosuffisante. C'est un terme privilégié par ceux qui voient le pic énergétique comme une possibilité vers un changement positif, plutôt que comme un désastre inévitable ».
Avec son scénario, l'association négaWatt peut apporter un support théorique précieux au mouvement des territoires en transition.
Conséquences
Les pays dépendent du pétrole dans leur approvisionnement en énergie primaire qui en représente plus du tiers. Concernant la France, le pétrole compte pour 33 % de la consommation d'énergie primaire, et pour près de 44 % de la consommation énergétique finale (près de 70 % pour les énergies fossiles). Le pétrole a des propriétés et des qualités uniques qui dans nos sociétés le rendent indispensable dans un certain nombre de domaines, notamment ceux des transports et de la pétrochimie (matières plastiques, solvants, médicaments, fibres synthétiques, etc.). Ces propriétés rendent également le pétrole indispensable pour la fabrication et la mise en place d'énergies alternatives (construction de centrales, traitement et stockage des déchets nucléaires, construction d'éoliennes ou de panneaux solaires, etc.).Les principes
Le mouvement des initiatives de transition s'intitulait à l'origine « villes en transition » (Transition Towns). Pour faire face à la diversité des différentes structures dont s'occupaient les différents groupes de transition (villes, villages, îles, districts, zones géographiques diverses, etc.), le mouvement a été renommé mouvement des « initiatives de transition » (Transition Initiatives).«Le mouvement de transition est un mouvement international qui vise à inspirer, à catalyser et à soutenir les réponses des communautés face au pic pétrolier et au changement climatique. C'est un mouvement qui a une vision positive, centré sur l'élaboration et la mise en œuvre de solutions, qui développe différents outils pour construire de la résilience et de la joie dans le monde. De l'éveil des consciences et de la création de groupes locaux d'alimentation, à l'édition de monnaies locales et au développement de «plans B» pour leur communauté, les mouvements de transition cherchent à prendre la fin de «l'âge du pétrole» comme une immense opportunité : l'opportunité de repenser profondément la plupart de ce que nous considérons comme acquis.»
L'objectif de toute initiative de transition est de définir et mettre en œuvre un «plan d'action de descente énergétique» (PADE) propre à sa communauté, qui dessine une vision à 20 ans de ce que peut être un lieu de vie où la dépendance aux énergies fossiles est minimum et la résilience maximum. Pour ce faire, le PADE décrit, pour différents domaines comme l'alimentation, le transport ou la santé, les étapes de la transition permettant de remplir les objectifs fixés.
C'est dans le but d'aider les communautés souhaitant élaborer et mettre en place un PADE que le réseau des initiatives de transition a conceptualisé à partir des expériences des initiatives pionnières, un ensemble de principes directeurs formant une sorte de fondement théorique; un ensemble d'étapes qui structurent une initiative de transition dans le temps; ainsi qu'un ensemble de techniques pratiques.
Le concept de ville en transition est basé sur un ensemble de principes qui se veulent facilement compréhensibles, et qui le distinguent des autres mouvements alternatifs11.
Vision positive
Le principe des visions se réfère au présupposé que l'on ne peut tendre vers un objectif seulement si l'on peut visualiser comment ce sera si l'on y parvient. Ces visions se trouvent au cœur du plan de descente énergétique, qui contient des actions étalées sur les vingt années à venir. Cette vision diffère des courants écologistes traditionnels qui dressent un avenir sombre qui a pour conséquence de déprimer les gens et de leur faire croire qu'ils sont impuissants à agir.Inclusion
Les défis et les conséquences du pic pétrolier et du dérèglement climatique nécessitent la participation de la société dans son ensemble. Tous les secteurs d'activité et tous les acteurs de la ville sont concernés et mis à contribution pour concrétiser la transition : citoyens à l'origine de l'initiative, associations, organisations professionnelles, administrations, enfants, actifs et retraités, dans les domaines énergétiques et économiques conventionnels ou plus inattendus comme la santé, l'éducation, l'immobilier, le tourisme ou encore les ressources maritimes. Contrairement aux ONG et aux associations écologistes, les mouvements de transition placent leur action au cœur de la communauté, et ne visent pas une action de lobbying auprès des instances politiques (locales, nationales ou internationales) en vue de changer la législation.Prise de conscience
Une des premières actions des villes en transition est de former le public aux enjeux du pic pétrolier et du dérèglement climatique. Les informations des médias sont souvent vagues et en dehors de la portée d'action du citoyen lambda, et sont souvent en contradiction avec les autres messages (qui présentent le modèle de développement actuel comme allant de soi, ou diffusant des publicités pour des voyages en avion).Résilience
La résilience est la capacité des systèmes à retrouver leur équilibre après une perturbation. Dans le cadre des villes, la résilience est la capacité d'une ville à ne pas s'effondrer aux premiers signes d'une pénurie de pétrole ou de nourriture. La notion de résilience est différente de celle de soutenabilité, qui est la seule généralement mise en avant. Par exemple, une communauté qui récupère les déchets pour expédier au centre de tri réduit sa pression sur l'environnement, mais ne devient pas plus résiliente pour autant. Elle pourrait augmenter cette dernière en transformant localement ces déchets en matériaux d'isolation.Compréhension psychologique
Une des principales barrières au passage à l'action est un sentiment d'impuissance, de solitude ou d'accablement que les catastrophes écologiques provoquent souvent. Le modèle des villes en transition utilise la compréhension de la psychologie en formulant une vision positive, en offrant des espaces rassurants où les personnes peuvent exprimer leurs craintes, et en valorisant les actions déjà effectuées en incluant dans le processus autant d'occasions de célébrer les succès que possible.Les fondateurs du mouvement de transition analysent les raisons de l'inaction des gens conscients des dangers écologiques de leur mode de vie en faisant le parallèle entre la dépendance au pétrole et les études psychologiques des comportements face à la dépendance toxicologique.
Solutions crédibles et appropriées
Une fois que les dangers du pic pétrolier et du dérèglement climatique ont été révélés au public, les initiatives de Transition doivent laisser la possibilité aux gens de chercher des solutions pertinentes à une échelle appropriée, et ne pas se limiter aux solutions comme « éteindre les lumières en sortant de la pièce ». Ceci est très important car les gens ne conçoivent en général que deux types de réponses : la réponse individuelle chez soi, et la réponse gouvernementale à l'échelle nationale. Les initiatives de transition explorent le niveau intermédiaire, celui des communautés.Influence de la permaculture
L'influence de la permaculture est prégnante dans le concept des villes en transition13. Rob Hopkins, l'initiateur du mouvement, enseigne la permaculture depuis plus de 10 ans.La permaculture est une science de conception visant la création de lieux de vie humains soutenables. Lorsqu'il découvrit la réalité du pic pétrolier, le premier réflexe de Rob Hopkins fut de se servir des principes de la permaculture pour organiser une réponse. Il s'appuya notamment sur les travaux de David Holmgren, cofondateur de la permaculture.
L'idée centrale des villes en transition, la résilience, est directement inspirée des écosystèmes naturels. En effet, ces derniers ont, contrairement à nos champs cultivés, la propriété d'être stables, diversifiés, de consommer un minimum d'énergie, d'être autonomes (cycles fermés) et de ne pas produire de pollution (grâce à la forte interconnexion de ses éléments : les déchets d'un système sont utilisés par d'autres systèmes). C'est un modèle parfait pour des systèmes humains devant drastiquement réduire leur consommation d'énergie et leur émissions de CO2 (et d'autres polluants).
L'apport de la permaculture est d'offrir une base philosophique ainsi que des principes généraux et des exemples concrets de mise en œuvre de systèmes basés sur les caractéristiques souhaitables des systèmes naturels.
Cependant la permaculture souffre de deux inconvénients, qui ont participé à la création des villes en transition. Tout d'abord, la permaculture a vu le jour en Australie, dans un contexte géographique de terres abondantes et de climat difficile. Ces deux points ont amené la permaculture à se focaliser sur la production de nourriture, et l'aménagement de terrains individuels (ou de petites communautés). Le mot permaculture vient d'ailleurs à l'origine de la contraction de permanent agriculture (agriculture soutenable), avant d'être redéfinie comme permanent culture (culture durable), sous le travail de David Holmgren. Deuxièmement, la permaculture est un concept difficile à expliquer facilement à la première personne venue (Rob Hopkins s'amuse à dire qu'il faut un tableau, des feutres, et quinze minutes pour dessiner des poules, des mares et des serres).
Ces deux points font dire à Rob Hopkins que les permaculteurs privilégient généralement une distanciation vis-à-vis de la majorité de la société (vivant dans des villes de moyenne et grande taille), en retournant à la campagne et aménageant leur terrain, plutôt que de choisir de transformer directement la société. Si la permaculture est cette première vision, les villes en transition seraient donc cette seconde facette complémentaire.
Les étapes
Les étapes de la transition peuvent servir de guide de route à une nouvelle initiative de transition. Elles ont été élaborées pour maximiser les chances de succès d'une initiative, et la rendre plus efficace. Par exemple, la première expérience d'initiative de transition, initiée par Rob Hopkins et les étudiants du cours de soutenabilité appliquée de l'université de Kinsale, a commencé par la rédaction d'un plan d'action de descente énergétique. Mais la mise en œuvre de ce plan a échoué car il n'y avait pas eu de travail préparatoire pour initier les habitants et les politiques aux enjeux des crises à venir, et à l'importance d'un plan énergétique approprié. Se basant sur les retours d'expériences des premières initiatives de transition, douze étapes ont été définies. Cette section présente un résumé de certaines de ces étapes.Former un groupe de pilotage temporaire
Le groupe de pilotage se compose d'environ six personnes, et permet d'initier une transition. Les personnes formant ce groupe doivent bien maîtriser (ou se former sur) les notions de pic pétrolier et de dérèglement climatique, ainsi qu'avoir une bonne idée du mouvement des initiatives de transition. Ce groupe va prendre en charge les étapes suivantes jusqu'à la création des groupes de travail. Une fois que quatre de ces groupes de travail seront formés, le groupe de pilotage sera dissout et recomposé à partir d'une personne de chaque groupe de travail. Le groupe de pilotage ne doit pas être trop grand pour pouvoir être efficace, mais doit contenir un minimum de personnes, pour que l'initiative ne repose pas que sur la volonté d'une ou deux personnes. Il est conseillé à au moins un membre de suivre une formation en permaculture, et il est nécessaire qu'au moins deux membres du groupe de pilotage suivent une formation aux initiatives de transition (uniquement en anglais à l'heure actuelle) pour que l'initiative soit reconnue officiellement.Sensibiliser
La sensibilisation permet d'introduire les notions de pic pétrolier et de dérèglement climatique, ainsi que de descente énergétique et de résilience, à la communauté (grand public, décideurs économiques, instances politiques). Cette sensibilisation peut prendre plusieurs formes (articles de presse, interventions dans des écoles, etc.), mais c'est en général les projections avec conférence et débats qui sont privilégiées.Les films ont l'avantage d'attirer un large public. Les films généralement choisis concernent le pic pétrolier, et dans une moindre mesure le dérèglement climatique18. Les conférences permettent de compléter les informations (par exemple en introduisant les autres problématiques, car les documentaires se concentrent généralement sur un seul problème), de gagner en crédibilité, d'attirer plus de monde, et d'orienter le débat vers une vision positive et la recherche de solutions. Les débats permettent aux gens d'exprimer leurs angoisses au sujet de ce qu'ils ont appris, pour éviter qu'ils ne s'enferment dans le déni ou la dépression.
Organiser un « grand lancement »
Lorsque la communauté est suffisamment sensibilisée (ce qui prend en général de 6 mois à un an après la première projection) et que des contacts avec d'autres groupes (associations environnementales ou sociales, etc.) ont été liés, le groupe de pilotage organise le «grand lancement» (Great Unleashing). Cet événement mémorable va permettre de catalyser toutes les craintes et les attentes des gens pour trouver et mettre en œuvre des solutions. L'élan et l'énergie libérés pendant cet événement va permettre au mouvement de s'agrandir, en formant de nouveaux groupes.Former des groupes de travail
Les groupes de travail se focalisent sur divers aspects de la vie quotidienne de la communauté : alimentation, déchets, énergie, éducation, jeunesse, économie, transports, eau, municipalité… Ces groupes ont leur propre façon de fonctionner. De manière générale, le déroulement d'une initiative de transition ne peut pas être contrôlé, car il dépend intrinsèquement des désirs, attitudes, façons de penser, de la communauté. Dans chaque groupe un membre est choisi, et l'ensemble de ces membres forme le nouveau groupe de pilotage, qui se réunit régulièrement pour faire le point. Le travail combiné des groupes doit permettre la rédaction d'un plan d'action de descente énergétique.Rédiger un Plan d'action de descente énergétique
Le Plan d'action de descente énergétique (Pade) se base sur les travaux des différents groupes et organise les résultats en une vision unifiée à moyen terme (15 à 20 ans) ainsi que les étapes à effectuer à certaines dates pour y parvenir. Le Pade se base également sur un état des lieux des ressources de la commune (circuits de distributions, ressources naturelles, etc.) et prend en compte la politique actuelle mise en place. Le premier Pade a été rédigé à l'université de Kinsale, mais il a été le premier élément de l'initiative de transition de la ville, et non pas son achèvement.Le Pade n'est pas une fin en soit. Une fois rédigé, il faut le mettre en œuvre et prendre en compte les retours d'application (difficulté imprévue, changement de contexte politique, social ou économique…). C'est à ce moment seulement que commence véritablement la transition de la communauté vers un futur plus résilient.
Exemples d’actions concrètes
Concrètement, ce sont des projets diversifiés qui participent aux différentes expériences de transitions en cours, qu'ils soient ou non à l'initiative du groupe de pilotage. Ces projets peuvent concerner des sujets aussi différents que les transports, l'éducation, la santé, l'énergie où l'alimentation. S'ils ne sont pas déjà présents dans la communauté, ces projets sont initiés par les différents groupes de travail, en association avec des partenaires légitimes ou qualifiés, lorsqu'ils existent.Économie
L'action qui a eu le plus grand retentissement pour la transition de Totnes est la création d'une monnaie locale, le «Totnes Pound». Une telle monnaie a pour but de relocaliser les échanges économiques, et d'éviter la fuite de la richesse.De nombreuses monnaies locales existent, ainsi 66 systèmes de monnaie locale existent ou sont en projet en Allemagne et en Angleterre. Il existe en Suisse, le système du WIR depuis 1930 (1 700 millions d'euros d'échanges en 2007) et les BerkShares dans le Vermont (États-Unis) depuis 2006 (1 million de billets en circulation). Ces actions sont encouragées par les acteurs locaux : élus, banquiers, et bien sûr entreprises et commerçants. Un système existe en France, le Sol (pour solidaire) à Grenoble.
Des monnaies locales «fictives» existent également dans les Systèmes d'échange local (Sel). Ces systèmes permettent l'échange de biens ou de services sans passer par une monnaie réelle, seul un système de points étant mis en place pour pouvoir quantifier la valeur des échanges.
Alimentation
L'alimentation occidentale est fortement dépendante des énergies fossiles, et une transition dans ce domaine est donc inéluctable. La résilience dans le domaine de l'alimentation passe par une relocalisation et des modifications de la production agricole.Ainsi des projets pourront avoir comme objectif de développer des potagers ruraux ou urbains, individuels ou collectifs (jardins familiaux, jardins communautaires), la plantation d'arbres (avec par exemple le projet de plantation de noyers à Totnes), ou le partage de graines, pour augmenter les savoirs, les pratiques et l'auto-production au sein de la communauté.
Concernant les circuits d'alimentation, les projets visent à relocaliser la production et à raccourcir les circuits de distribution. C'est le cas avec la création de marchés de producteurs, d'Association pour le maintien d'une agriculture paysanne (Amap) ou de coopératives d'achat.
Les pratiques agricoles doivent également évoluer vers une agriculture plus respectueuse vis-à-vis de l'environnement et moins consommatrice d'hydrocarbures (pétrole pour les pesticides et la mécanisation, gaz naturel pour les engrais minéraux). Les projets pourront se tourner vers la mise en place d'une agriculture biologique ou biodynamique. La permaculture, dont les principes sous-tendent le mouvement des villes en transition, offre également des solutions pertinentes en matière agricole.
Transports
Dans le domaine des transports, comme pour l'énergie qui est liée, l'action la plus efficace est d’éviter de consommer ou détruire des ressources. Le second est de transporter ou se déplacer par des moyens qui préservent mieux la nature. Les transports sur rail offrent une très bonne efficacité énergétique (voir efficacité énergétique dans les transports). On aboutit donc à 2 types d'initiatives :- Multiplier les circuits courts pour favoriser l'activité locale et limiter la consommation de pétrole liée aux transports (Amap, filière bois énergie …) ; amplifier les relocalisations économiques.
- Se déplacer autrement : transports en commun, bicyclettes, transformation de routes en vélo-route, zone piétonne, covoiturage et même autopartage (partage d'une voiture pour plusieurs personnes).
Énergie
La consommation d'énergie est essentiellement la conséquence de choix dans tous les autres domaines. Ainsi, une agriculture biologique, le choix des transports en commun, de produits locaux et de saison diminue l'empreinte énergétique au niveau local comme global.Le scénario négaWatt propose une réduction de l'empreinte énergétique sur la période 2000-2050 suivant trois axes : sobriété, efficacité énergétique et utilisation d'énergies renouvelables.
Autres
- Recycler et réutiliser : développer le compostage (éventuellement collectifs) pour utiliser ses déchets verts et produire localement engrais naturel et pesticides biologiques (par exemple le purin d'ortie), favoriser la réutilisation (Emmaüs, ressourceries, brocantes, braderies, marché aux puces, dons).
Bibliographie
- (en) Rob Hopkins, Energy Descent Pathways:evaluating potential responses to Peak Oil; 2006
- (fr) Paul Chatterton et Alice Cutler, Un écologisme apolitique ? : débat autour de la transition, Écosociété, Montréal, 2013
- (fr) Rob Hopkins, Manuel de transition de la dépendance au pétrole à la résilience locale, Écosociété, 2010.
- Luc Semal et Mathilde Szuba, « Les transition Towns : résilience, relocalisation et catastrophisme éclairé », revue Entropia no 7, automne 2009.
- Mathilde Szuba et Luc Semal, « Villes en transition: imaginer des relocalisations en urgence », revue Mouvements, 27 septembre 2010.
- Revue Silence, dossier dans les no 417 (novembre 2013); no 398 (février 2012); no 385 (décembre 2010) ; no 379 (mai 2010) ; n° 365 (février 2009).
- Dossier « Principes de la grande transition » sur les liens entre la transition et l'ESS.
« Réseau Diois Transition Biovallée de la
Drôme »
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