Le formidable avenir souvent trop méconnu de l'énergie éolienne
1 396 lectures /
© C. Magdelaine / notre-planete.info
Selon
le Conseil Mondial pour l'Energie Eolienne, l'éolien représente 282 GW
de puissance installée (+ 19 % en 2012, soit 45 GW supplémentaires) au
niveau mondial (dont 35 % en Europe et 2,5 % en France) et cette énergie
renouvelable reste de loin la plus importante après l'énergie
hydraulique (750 GW installés) mais loin devant le solaire qui vient
seulement de passer la barre des 100 GW. A titre de comparaison, la
puissance mondiale installée en nucléaire est de l'ordre de 370 GW.En terme de production effective d'électricité, l'éolien représente à présent plus de 500 TWh par an dans le monde, soit l'équivalent de la consommation totale d'électricité de la France mais même si cette production a été multipliée par trois en 5 ans, elle représente toujours moins de 3 % de la production électrique mondiale qui est de l'ordre de 21 000 TWH par an.
La puissance éolienne installée dans le monde devrait être multipliée par trois pour atteindre 910 GW en 2025 et le marché mondial de l'éolien devrait, pour sa part, plus que doubler au cours de cette période, passant de 21 à 47 milliards d'euros.
Le Président Obama a d'ailleurs souligné, le 13 février « qu'en 2012, l'énergie éolienne a représenté près de la moitié des nouvelles capacités de production d'électricité aux Etats-Unis ».
Hors énergies fossiles, qui assurent encore les deux tiers de la production électrique mondiale, la première source d'énergie renouvelable reste de loin l'hydraulique, 16 % de l'électricité mondiale, suivie par le nucléaire, environ 14 %.
En supposant que nous parvenions à stabiliser à son niveau actuel la production mondiale d'électricité et que nous visions l'objectif de faire passer la part d'électricité éolienne à 33 % d'ici 20 ans (la part du nucléaire et de l'hydraulique restant au même niveau), il faudrait installer environ 230 000 machines marines d'une puissance de 8 à 10 MW (production moyenne annuelle en mer de 30 millions de kWh), soit un peu moins de 12 000 éoliennes marines par an, un rythme élevé mais nullement hors de portée de l'économie mondiale.
Selon le récent rapport du cabinet de conseil GlobalData, le marché mondial de l'éolien marin va d'ailleurs continuer sa croissance et pourrait être multiplié par dix d'ici la fin de la décennie, passant de 5 gigawatts de puissance installée à 55 GW.
En Europe, on estime généralement que le coût moyen de production du kWh éolien terrestre tourne autour de 7 centimes d'euros (13 centimes sur mer) mais aux Etats-Unis, le Laboratoire National Lawrence Berkeley estime que le coût du kWh éolien tourne autour de 5 à 6 centimes d'euro et que l'électricité éolienne devient compétitive face au nucléaire et au gaz. Il est vrai que le coût moyen de production de l'électricité éolienne a été divisé par cinq en 30 ans et la puissance moyenne d'une machine a été multipliée par dix depuis 1980.
Néanmoins, en dépit de sa progression impressionnante, tant au niveau mondial qu'européen et national, il existe toujours de fortes oppositions au développement massif de l'éolien.
Parmi les nombreux arguments avancés par ces opposants, on trouve en bonne place des affirmations de nature économique et une prédiction récurrente : le développement de l'éolien entraînera inévitablement une explosion de la facture d'électricité pour les consommateurs.
Or, une étude publiée il y a quelques jours ne va pas manquer d'alimenter le débat sur la transition énergétique et sur la place que peut avoir l'éolien dans notre futur bouquet énergétique national. Ce rapport, qui a été réalisé par le Cabinet E-CUBE Strategy Consultants et s'intitule "La valeur et les coûts de l'éolien sur le système électrique en France", est riche d'enseignements et démonte quelques idées reçues.
Ce rapport souligne tout d'abord que l'augmentation de la part d'électricité éolienne devrait, à long terme, entraîner une diminution du prix de l'électricité.
L'étude table sur une baisse pouvant aller jusqu'à 10 % à l'horizon 2030 car cette électricité d'origine éolienne, dont le coût de production ne cesse de baisser, va se substituer à d'autres sources d'énergie qui, au contraire, ont un coût de production de plus en plus élevé : nucléaire (à cause du surcoût lié au renforcement de la sécurité) et fossiles.
Concrètement, la valeur de substitution de l'énergie pourrait atteindre le niveau du tarif d'achat actuel vers 2025 (82 euros le MWh) et l'éolien réduirait dans ce cas la facture d'électricité pour le consommateur à partir de cette échéance, entraînant à l'horizon 2030, une économie de 10 centimes d'euro par kWh éolien pour le consommateur.
Cette étude montre également que la montée en puissance de l'éolien peut contribuer à absorber les pics de consommation électrique hivernaux, comme l'a montré la situation réelle observée en décembre 2012, mois pendant lequel la part de l'éolien dans la production totale d'électricité est montée au niveau historique de 10 %.
Si nous parvenons, même avec deux ou trois ans de retard, à tenir nos objectifs et à passer de 7 500 MW éoliens installés en 2013 à 19 000 dans dix ans, nous serons alors en mesure de produire environ 55 TWH par an (10 % de notre production électrique annuelle) et l'éolien pourra, dans cette hypothèse, non seulement faire face à la consommation de pointe d'environ un million de ménages, mais également éviter le recours à l'utilisation d'une dizaine de centrales thermiques de 500 MW, réduisant de plusieurs millions de tonnes les émissions de gaz à effet de serre.
Autre idée reçue battue en brèche par ce rapport : la montée en charge de l'électricité éolienne va entraîner des coûts faramineux d'adaptation de notre réseau électrique. Cette analyse conteste cette affirmation et montre que le surcoût réel, directement imputable à l'éolien, pour la modernisation de notre réseau, sera de l'ordre de 0,1 centime d'euro le kWh éolien en 2020, ce qui est tout à fait supportable pour ERDF.
Enfin, ce rapport souligne que, contrairement à ce qu'affirment les opposants irréductibles à l'éolien, la forte progression de cette source d'énergie depuis 10 ans n'a pas nécessité la mise en service de centrales supplémentaires « d'équilibre », utilisant les énergies fossiles.
Cette étude, ainsi que différents travaux réalisés aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne, confirme donc qu'il est tout à fait envisageable, tant sur le plan économique qu'industriel et technologique, de viser pour 2030 l'objectif des 20 % de la production mondiale d'électricité à partir de l'éolien, soit environ 5000 TWH éoliens, ce qui représente 8 500 éoliennes marines géantes à mettre en service chaque année pendant 20 ans dans le monde (Sur la base d'une hypothèse d'une croissance modérée de 20 % de la consommation électrique mondiale d'ici 2030).
Mais bien entendu, l'éolien ne saurait en aucun cas constituer à lui seul une panacée au défi énergétique majeur que nous devons affronter. Son développement massif n'a de sens et d'intérêt qu'en synergie intelligente avec, d'une part l'énergie solaire et la biomasse, comme sources propres d'énergie et, d'autre part, en articulation avec les nouvelles technologies puissantes de stockage de l'énergie (batteries liquides, stockage sous forme de gaz, d'air ou d'hydrogène) et enfin avec la gestion intelligente, décentralisée et interactive, en grille, du réseau électrique.
Il faut également le rappeler inlassablement, dans l'équation énergétique et climatique, les énergies renouvelables, certes indispensables, ne représentent qu'un tiers de la solution ; les deux tiers restants sont à chercher dans la réduction à la source de nos besoins en énergie et dans une véritable rupture en terme d'efficacité énergétique dans tous les domaines d'activités.
Il n'en demeure pas moins vrai, comme l'ont parfaitement compris l'Allemagne, la Grande-Bretagne, les Etats-Unis mais également la Chine ou le Japon, que l'énergie éolienne, principalement en mer, sera pendant au moins quelques décennies la source d'énergie propre la plus efficace et la plus rentable sur le plan économique pour la substitution massive aux énergies fossiles en matière de production électrique.
Souhaitons que la France, qui dispose à la fois d'un vaste domaine maritime, et des compétences technologiques et industrielles nécessaires à cette compétition (qui va également se jouer sur le terrain de la recherche de pointe en physique, mathématique, électronique et informatique pour concevoir des machines plus grandes, performantes et rentables) jette toutes ses forces dans cette bataille et devienne demain une référence d'excellence mondiale dans ce secteur stratégique.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire