Des vergers écoresponsables pour redorer l'image des pomiculteurs
L'incompréhension grandit dans les
campagnes, les riverains supportant de plus en plus mal la vue
d'arboriculteurs habillés comme des cosmonautes en train de pulvériser.
Pourtant, une pomme sur deux est aujourd'hui issue d'un «verger
écoresponsable».
La tension est montée d'un cran fin mai avec la destruction de 1.700 pommiers dans le Limousin. L'arboriculteur, «très choqué», a retrouvé des pancartes antipesticides dans son verger pourtant estampillé «écoresponsable», qui s'attelle à réduire autant que possible l'usage de phytosanitaires.
La pomme, fruit le plus consommé en France, est aussi celui qui nécessite le plus grand nombre de traitements de pesticides. «On est sur 35 passages par an, contre 24 pour la pêche ou 14 pour la prune», explique-t-on au ministère de l'Agriculture.
«Les données dont nous disposons ne sont pas représentatives du verger français» et «il faut rapporter le nombre de traitements au rendement à l'hectare» pour que la comparaison soit pertinente, tempère-t-on néanmoins.
La pomme est extrêmement vulnérable à la tavelure, une maladie dont le champignon cause des lésions noires sur la peau du fruit. Avant chaque menace d'averse, l'agriculteur traite donc en préventif, pour éviter que le champignon ne prolifère dans l'humidité.
«Certains producteurs ont un peu honte de leurs pratiques et les riverains s'offusquent à chaque fois qu'ils voient un atomiseur alors que ça peut être seulement du calcium dans la cuve», admet Audrey Schwertz, de l'Association Pommes du Limousin.
Pour calmer les esprits et valoriser les pratiques, les producteurs font régulièrement des opérations «vergers ouverts»; et, en 2010, l'Association nationale Pommes Poires (ANPP) a créé la démarche «vergers écoresponsables».
Elle repose sur trois principes: respecter autant que possible la nature, les cueilleurs et le consommateur.
En moins de cinq ans, 55% des surfaces de production en pommes se sont déjà converties et la moitié des producteurs de pêches-nectarines ainsi qu'un tiers des producteurs d'abricots ont aussi adhéré à la démarche.
Mais concrètement, comment cela se traduit-il? Et à l'heure de la mode du consommer responsable, cette démarche n'est-elle pas un coup de communication de plus ?
- Oublier l'insipide Golden ?
Rendez-vous est pris chez Eric Martineau, pomiculteur à Chenu dans la Sarthe.
Les anciens sursautent à la vue de son verger où les herbes folles poussent librement entre les rangs. «Avec mon père, il fallait que ce soit nickel, un green de golf!», s'amuse-t-il.
Si Eric Martineau ne désherbe pas --juste de façon ciblée au pied des arbres-- c'est pour consommer moins d'herbicides et «attirer les bons insectes, qui ensuite mangeront les mauvais».
Il a aussi mis en place des nichoirs pour les mésanges, de l'arrosage au goutte-à-goutte pour économiser l'eau et utilise des techniques naturelles de confusion sexuelle afin d'éloigner les vers.
Enfin, il ne «délocalise pas» sa main d’œuvre et la cueillette se fait à la main.
Une démarche dont il est fier et qu'il valorise au maximum sur les marchés. Il souhaiterait d'ailleurs qu'elle soit mieux mise en valeur puisque pour l'heure, aucune étiquette ou pancarte ne précise la démarche au consommateur.
Mais pour l'association Génération Futures, qui a fait de la lutte contre les pesticides son cheval de bataille, cette démarche n'est pas suffisante.
«Des pas sont faits mais il faut aller plus loin et sortir d'un système dépendant du chimique», explique François Veillerette, porte-parole de l'association.
Les pomiculteurs ne cachent pas en effet qu'ils continuent à traiter régulièrement même s'ils assurent que les résidus de pesticides dans le fruit sont au final proches de zéro. «Le mois avant la récolte, on arrête tout traitement», explique l'arboriculteur sarthois.
C'est bien d'avoir zéro résidu dans le fruit mais «on ne règle pas le problème de l'impact des traitements sur l'environnement et sur la santé de l’agriculteur et des riverains», rétorque François Veillerette.
Pour lui, il faut remettre l'agronomie au coeur du dispositif en utilisant par exemple des variétés résistantes à la tavelure. Eric Martineau est bien d'accord et souhaiterait que sa Choupette, une des 16 variétés qu'il cultive, se développe. Mais elle n'est pas aussi populaire que la Golden ou la Gala, regrette-t-il...
Gre. Wat.
La tension est montée d'un cran fin mai avec la destruction de 1.700 pommiers dans le Limousin. L'arboriculteur, «très choqué», a retrouvé des pancartes antipesticides dans son verger pourtant estampillé «écoresponsable», qui s'attelle à réduire autant que possible l'usage de phytosanitaires.
La pomme, fruit le plus consommé en France, est aussi celui qui nécessite le plus grand nombre de traitements de pesticides. «On est sur 35 passages par an, contre 24 pour la pêche ou 14 pour la prune», explique-t-on au ministère de l'Agriculture.
«Les données dont nous disposons ne sont pas représentatives du verger français» et «il faut rapporter le nombre de traitements au rendement à l'hectare» pour que la comparaison soit pertinente, tempère-t-on néanmoins.
La pomme est extrêmement vulnérable à la tavelure, une maladie dont le champignon cause des lésions noires sur la peau du fruit. Avant chaque menace d'averse, l'agriculteur traite donc en préventif, pour éviter que le champignon ne prolifère dans l'humidité.
«Certains producteurs ont un peu honte de leurs pratiques et les riverains s'offusquent à chaque fois qu'ils voient un atomiseur alors que ça peut être seulement du calcium dans la cuve», admet Audrey Schwertz, de l'Association Pommes du Limousin.
Pour calmer les esprits et valoriser les pratiques, les producteurs font régulièrement des opérations «vergers ouverts»; et, en 2010, l'Association nationale Pommes Poires (ANPP) a créé la démarche «vergers écoresponsables».
Elle repose sur trois principes: respecter autant que possible la nature, les cueilleurs et le consommateur.
En moins de cinq ans, 55% des surfaces de production en pommes se sont déjà converties et la moitié des producteurs de pêches-nectarines ainsi qu'un tiers des producteurs d'abricots ont aussi adhéré à la démarche.
Mais concrètement, comment cela se traduit-il? Et à l'heure de la mode du consommer responsable, cette démarche n'est-elle pas un coup de communication de plus ?
- Oublier l'insipide Golden ?
Rendez-vous est pris chez Eric Martineau, pomiculteur à Chenu dans la Sarthe.
Les anciens sursautent à la vue de son verger où les herbes folles poussent librement entre les rangs. «Avec mon père, il fallait que ce soit nickel, un green de golf!», s'amuse-t-il.
Si Eric Martineau ne désherbe pas --juste de façon ciblée au pied des arbres-- c'est pour consommer moins d'herbicides et «attirer les bons insectes, qui ensuite mangeront les mauvais».
Il a aussi mis en place des nichoirs pour les mésanges, de l'arrosage au goutte-à-goutte pour économiser l'eau et utilise des techniques naturelles de confusion sexuelle afin d'éloigner les vers.
Enfin, il ne «délocalise pas» sa main d’œuvre et la cueillette se fait à la main.
Une démarche dont il est fier et qu'il valorise au maximum sur les marchés. Il souhaiterait d'ailleurs qu'elle soit mieux mise en valeur puisque pour l'heure, aucune étiquette ou pancarte ne précise la démarche au consommateur.
Mais pour l'association Génération Futures, qui a fait de la lutte contre les pesticides son cheval de bataille, cette démarche n'est pas suffisante.
«Des pas sont faits mais il faut aller plus loin et sortir d'un système dépendant du chimique», explique François Veillerette, porte-parole de l'association.
Les pomiculteurs ne cachent pas en effet qu'ils continuent à traiter régulièrement même s'ils assurent que les résidus de pesticides dans le fruit sont au final proches de zéro. «Le mois avant la récolte, on arrête tout traitement», explique l'arboriculteur sarthois.
C'est bien d'avoir zéro résidu dans le fruit mais «on ne règle pas le problème de l'impact des traitements sur l'environnement et sur la santé de l’agriculteur et des riverains», rétorque François Veillerette.
Pour lui, il faut remettre l'agronomie au coeur du dispositif en utilisant par exemple des variétés résistantes à la tavelure. Eric Martineau est bien d'accord et souhaiterait que sa Choupette, une des 16 variétés qu'il cultive, se développe. Mais elle n'est pas aussi populaire que la Golden ou la Gala, regrette-t-il...
Gre. Wat.
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