Une journée à Gaia, écovillage argentin
Mener une vie « soutenable » : c’est le choix fait par les habitants de l’écovillage de Gaia, en Argentine. Respecter la biodiversité, inventer des échanges économiques alternatifs, créer l’autosuffisance énergétique, repenser l’architecture… Les membres de la communauté de Gaia expérimentent une vie différente, fondée sur une simplicité volontaire. Reportage.
Au bout d’une piste non goudronnée, une clôture signale la fin d’une zone entièrement dédiée aux automobilistes et le début du sentier qui mène à l’écovillage. Après avoir pénétré une forêt verdoyante, on traverse des clairières richement plantées d’arbres fruitiers. Un peu plus tard, Gustavo Ramírez, l’un des fondateurs de l’association, précisera qu’ils cultivent au cœur des 3,5 hectares de forêt, 850 arbres fruitiers de 40 variétés différentes. À l’orée du bois, des habitations à la beauté singulière se découpent ; les murs en pisé de ces maisons affichent les couleurs brunes de la terre cuite.
Militer activement pour le changement
La démarche assurée, Silvia Balado vient à notre rencontre. Thérapeute, elle vit ici depuis le début du projet, qu’elle a initié avec

Le reste du temps, les douze habitants permanents de Gaïa partagent ce centre de vie et d’apprentissage avec ceux venus participer aux cours et ateliers. D’une durée de deux jours à une semaine, ces formations payantes, principales sources de revenu de la communauté, vont de la permaculture (pratiques agricoles pérennes) à la construction naturelle, en passant par les énergies renouvelables et la cuisine bio, et même… la vie communautaire ! « Nous nous organisons comme une communauté égalitaire, explique Gustavo, mais ce type d’organisation sociale, avec ses relations interpersonnelles, la résolution des conflits et la prise de décisions, est un défi quotidien. » S’il prône notamment « une économie communautaire », Gustavo reconnaît qu’« il y a aussi des personnes qui conservent leurs économies personnelles ».
Une vie monastique ?
Jusqu’à présent, Gustavo et Silvia ont vu de nombreuses personnes désireuses de s’installer à Gaia sur le long terme qui sont finalement reparties au bout de quelques semaines. « Vivre à Gaia requiert beaucoup de travail sur soi et de dévouement, la vie ici est parfois perçue comme celle d’un éco-monastère, » admet Silvia en souriant. Renoncer à ses biens privés pour aller vers un travail commun, au profit de chacun, relève encore du défi pour beaucoup.
Autosuffisance énergétique


Des bâtiments à l’architecture durable
L’architecture des bâtiments a aussi été pensée pour ne générer aucun coût ni pollution. Ainsi, prend-elle en compte les différentes inclinaisons du sol pour que les logements soient frais en été et chauds en hiver. Des ouvertures orientées côté nord, un auvent qui permet le passage des rayons du soleil en hiver et les retient en été quand le soleil est plus haut dans le ciel. Et pour préserver une banque de semences dans l’un des bâtiments, une température de 18°C à l’intérieur toute l’année, même lorsque l’on atteint les 35°C en extérieur. Une différence thermique également permise par la cire d’abeille, les imperméabilisants naturels et les pigments foncés intégrés aux étages en pisé qui absorbent la chaleur.

Simplicité volontaire
Loin des pressions du consumérisme, Gustavo prétend vivre dans l’abondance. Mais les habitants de Gaia ne cherchent pas l’autosuffisance, continuant par exemple à acheter une partie de leurs aliments. Sur ce point, Silvia est sans appel : l’autosuffisance à 100% constitue un leurre. Elle implique une vie de simplicité absolue. « L’enjeu n’est pas l’autosuffisance mais la soutenabilité, qui inclut l’échange et la considération que d’autres personnes produisent des choses que l’on ne peut pas faire, », explique-t-elle. La différence est claire entre austérité et simplicité volontaire, dans laquelle elle se reconnaît complètement : « c’est apprendre que les nécessités de base sont très simples et qu’elles sont l’essence du bonheur et de l’abondance. En se dépouillant des besoins que le système nous met dans la tête et qui ne sont ni vrais ni authentiques, on se rend compte que l’on peut être heureux avec très peu. »

Venu de la Plata, une ville à plus de 130 kilomètres de Navarro, Mariano s’apprête à repartir de Gaia avec plus de questions qu’à son arrivée. Accompagné par sa femme et ses deux enfants, il ressentait le besoin de venir dans cet écovillage pour assouvir une recherche intérieure : « cela fait plus d’un demi-siècle que l’on nous forme en nous déconnectant totalement de la terre. C’est difficile de rompre avec ce système mais c’est possible ». S’enfonçant avec sa famille dans la forêt, Mariano réfléchit à devenir « socio », membre de l’association Gaia, afin de s’établir dans l’écovillage. Et de voir si lui et sa famille, une fois cooptés par les membres de l’association, seront capables de franchir le pas.
Alter-Echos
« Réseau Diois Transition Biovallée de la
Drôme »
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire