Synthèse du Collectif Transition Energétique de la Vallée de la Drôme et du Diois
Le Collectif Transition Energétique de la Vallée de la Drôme a
transmis à la Région Rhône-Alpes un document de synthèse d’une très
grande richesse. Vous pouvez le lire en le téléchargeant. Que sa longueur ne vous décourage pas, il peut être lu par étapes, par parties, en fonction de vos propres questionnements…
Pour compléter cette synthèse, il y a aussi un sondage qui avait pour
objectif de distinguer les propositions qui font consensus, celles pour
lesquelles les opinions sont partagées ou largement défavorables. Vous pouvez aussi le télécharger.
Les 6 forums ont mobilisés environ 280 personnes et le sondage a reçu 66 réponses.
La réflexion et les actions à venir dès l’automne seront nourries par
la dynamique née de ces rencontres et nous continuerons, avec vous, à
œuvrer pour que la transition énergétique devienne un enjeu de société
partagé par tous.
Bien à vous, Le collectif « transition énergétique » Association Dioise pour la Transition Énergétique, Val de Drôme Énergie Citoyenne, Écologie au Quotidien, Enercoop, etc
Après la vague contestataire de 1968, le pouvoir
gaulliste sort renforcé. Pompidou succède au général, et le statu quo
règne. Mais de jeunes révoltés ne se résignent pas à une existence
passive, rangée dans le salariat et la consommation. Inspirés par les
hippies des États-Unis, ils s’installent à la campagne pour vivre de la
manière la plus autonome possible, libres. S’extraire du capitalisme par
l’entraide et l’auto-production, inventer d’autres façons de vivre en
rejetant la famille, la propriété, la compétition et les rapports de
domination : "Qui peut nous empêcher de réinventer la vie et de la
vivre tout de suite, comme on l’avait demandé, rêvé, proclamé,
manifesté, hurlé ?" (p. 14). Une douzaine de communautés ont fleuri dans le Diois de 1973 à 1993 . Comme La Bâtie des Fond, Le Moulin de Menglon, la Genette de Saint Nazaire le Désert, le Chambon d'Aurel, etc
C’est le "fol été des communautés". Pour Christian Dupont, l’apogée de ce mouvement a lieu en 1970. Cette année, "on
comptait en France 500 communautés rurales implantées surtout dans les
départements du Sud qui avaient subi un précédent exode rural. On y
trouvait des terres à l’abandon et des hameaux désertés" (p. 238).
L’auteur est bien placé pour retracer cette vague. Dans l’enthousiasme
et l’énergie créative, il organisait des départs en communautés depuis
les Beaux-Arts, mettait en relation, s’investissait dans les comités,
coordonnait l’organisation d’une société alternative avec Actuel, le
journal de la contre-culture. "Fonder une autre société, poser les
bases d’une authentique civilisation, c’est d’abord mettre en place les
moyens et les conditions de l’autonomie. Un ensemble humain qui
s’autogère devient responsable et la responsabilité ouvre la porte de la
liberté – telles étaient nos préoccupations majeures" (p. 59).
Lui-même a pris la tangente. Au volant d’une 4L, il a rejoint la
Vallée, 1000 hectares en friche proches de Carcassone. C’est cette
expérience communautaire que retrace Osons l’utopie !. Cette recherche d’une vie pleine, épanouissante, simple et spartiate mais riche en joies. "L’exigence
d’une mutation sociale radicale y fut clairement exprimée : il ne
s’agissait pas de réclamer des hausses de salaire, du plein-emploi ou de
défendre le régime des retraites, mais d’abolir tout un système
d’asservissement pour le remplacer par un modèle qui se mette au service
de l’humain, de sa dignité et de son accomplissement" (p. 7).
Au fil de ce texte qui se lit comme un roman, le lecteur croise des
personnages hauts en couleur. Des babas cool de bonne famille désirant
l’insouciance hédoniste, qui ne voulaient pas travailler plus de trois
heures par jour, rencontrent des végétaliens austères, des mystiques,
des cabossés en rupture... "Nous étions maos, anars, trotskars, révolutionnaires, libertaires, pacifistes, marginaux... communautaires !"
(194) Cahin caha, le groupe parvient se répartir les tâches : retaper
les bâtiments de la ferme, apprendre à cultiver la terre et à élever
quelques animaux, s’approvisionner en eau, rendre le chemin carrossable,
faire bourse commune, passer des compromis avec la société de
consommation en se raccordant à EDF...
La vie en communauté apporte son lot de dissensions et de départs.
Une tentative de suicide, des flambées de violence, des naufragés
indésirables qui s’incrustent pour profiter du gîte et d’une assiette,
les rapports difficiles avec la population, la surveillance constante
des flics... Christian Dupont n’écarte pas les intermèdes peu
réjouissants de cette expérimentation à l’équilibre fragile. L’auteur ne
tombe pas dans la nostalgie et l’autosatisfaction. Il ne se glorifie
pas et ne se fait pas donneur de leçons. Son récit est un retour
critique, écrit avec simplicité, auto-dérision et humour, qui souligne
les faiblesses de ce nouvel art de vivre, comme les instants euphoriques
qu’il procure. "Je n’ai jamais été si pleinement heureux que là ! En
communauté... et pourtant, c’était dur, et avec un sacré paquet de
misères... mais avec des dépassements soudains, prodigieux, qui
effaçaient tous les emmerdes" (p. 12).
Le fol été des communautés a tourné court. La plupart ont éclaté.
Quelques-unes sont restées et ont essaimé, notamment Longo Maï, fondée
en 1973 dans les Alpes de Haute-Provence. Quelques couples ont continué à
vivre de manière autonome à la campagne. Mais le rêve de créer une
"société de substitution", parallèle, composée d’îlots autogérés et
fédérés, n’a pas pu prendre. Trop de divergences. "Le retour sur
Paris nous fit savoir que le vieux monde vaquait toujours à ses
occupations productivistes et qu’il restait indifférent aux délires
d’une petite frange d’utopistes" (222).
Reste que l’aspiration à une existence hors système est toujours là,
tenace. Le refus de se soumettre à un mode de vie déshumanisant semble
même se renforcer alors que le capitalisme mondialisé agonise et que la
société de consommation ne console plus. Des alternatives foisonnent,
notamment recensées dans les revues S !lence et Passerelle Eco.
Des squats, des écovillages fleurissent. Les jeunes qui choisissent de
s’installer en yourtes, en caravanes ou dans des cabanes subissent
toujours une répression policière féroce. La loi Loppsi 2 voulait
criminaliser davantage ces bâtisseurs d’ "habitats illicites", avant que
le conseil constitutionnel n’invalide certaines dispositions. Hier
comme aujourd’hui, choisir une existence non conforme est un défi lancé à
la face d’une civilisation de puissance moribonde. Plus, la dissidence
devient une condition de survie : face aux chocs qui s’annoncent, une
organisation basée sur des communautés locales et solidaires est la plus
à même de résister [1].
Christian Dupont, Les éditions libertaires, 2011, 255 pages, 15 euros.
par Pierre Thiesset
[1] Rob Hopkins, Manuel de transition. De la dépendance au pétrole à la résilience locale, Ecosociété, 2010
Transition énergétique: les recommandations inquiètent les ONG
Paris - La formulation de certaines recommandations du
Débat national de la transition énergétique, qui doivent être finalisées
jeudi, ont inquiété certaines ONG mercredi, alors qu'un nouveau projet a
été soumis aux acteurs de ce débat.
«La dernière
version des quinze préconisations contient des modifications
inacceptables», a réagi le porte-parole de la Fondation Nicolas Hulot ,
Matthieu Orphelin, en citant notamment la question de la fiscalité
écologique et celle l'objectif de baisse de consommation énergétique à
retenir.
Chez France Nature Environnement (FNE), la spécialiste
de l'énergie Maryse Arditi constate également des «régressions» sur
certains points tout en restant optimiste sur la conclusion du débat
national, jeudi, au terme de neuf mois de discussions entre entreprises,
syndicats, ONG, élus et experts.
La dernière séance plénière du Débat, voulu par le président François Hollande pour esquisser l'avenir énergétique de la France, doit permettre d'entériner quinze recommandations.
Officiellement
remises au gouvernement le 20 septembre lors de la Conférence
environnementale annuelle, elles doivent nourrir une loi de
programmation énergétique présentée à l'automne au conseil des ministres
et débattue début 2014 au Parlement.
Ces recommandations se
veulent suffisamment générales pour prendre en compte les intérêts
divergents mais laissent ouverts certains désaccords de fond,
principalement sur l'objectif de la baisse de consommation énergétique
mais aussi sur le nucléaire.
La Fondation Hulot juge «inacceptable» la disparition, dans le dernier projet, d'une allusion au «rattrapage de la fiscalité du diesel sur l'essence», défendu par les ONG.
De
même, elle dénonce la reformulation de l'objectif d'une baisse de la
consommation énergétique de 50% d'ici 2050 pour permettre à la France de
tenir ses engagements internationaux sur le climat. La nouvelle
formulation serait trop favorable aux entreprises, qui défendent un
objectif moins relevé, pour la FNH.
Chez FNE, Maryse Arditi pointe
d'autres points de désaccord, sur la question du nucléaire mais aussi
sur les objectifs affichés de développement des énergies renouvelables («entre 30 et 40%» d'électricité d'origine renouvelable en 2030).
Elle juge toutefois important de «ne pas avoir cherché à masquer les dissensus» dans ces recommandations.
«Après,
ce n'est que la toute première étape. Nous, notre inquiétude, c'est
surtout de savoir ce qui va rester dans la loi de ce débat»,
souligne-t-elle MCD
lundi 15 juillet 2013
Bonjour,
Les régions ont présenté ce 8 juillet trente
propositions en faveur de la transition énergétique lors de la journée de
restitution des débats territoriaux qui s'est déroulée à Paris en présence
du nouveau ministre de l'Ecologie, Philippe Martin. Parmi les mesures
préconisées : rendre progressivement obligatoire la rénovation des bâtiments
les plus énergivores, mettre en place "un cadre juridique,
administratif et tarifaire simple, stable et pérenne pour les énergies
renouvelables", attribuer une compétence énergie aux collectivités.
Transition énergétique :
trente propositions opérationnelles issues des débats régionaux
- Les régions ont présenté
ce 8 juillet trente propositions en faveur de la transition énergétique lors de
la journée de restitution des débats territoriaux qui s'est déroulée à Paris en
présence du nouveau ministre de l'Ecologie, Philippe Martin. Parmi les mesures
préconisées : rendre progressivement obligatoire la rénovation des bâtiments
les plus énergivores, mettre en place "un cadre juridique, administratif
et tarifaire simple, stable et pérenne pour les énergies renouvelables",
attribuer une compétence énergie aux collectivités.
Les propositions figurant
dans le rapport remis ce 8 juillet à Philippe Martin par Alain Rousset,
président de l'Association des régions de France (ARF) et de la région
Aquitaine, et Marie-Guite Dufay, présidente de la région Franche-Comté,
sont issues de la synthèse de la concertation territoriale organisée
depuis janvier dans le cadre du débat national sur la transition énergétique.
Quelque 850 débats labellisés ont été menés dans 26 régions et ont rassemblé
170.000 participants. La Journée citoyenne du 25 mai, qui a réuni 1.115
participants dans 14 régions, a aussi été l'un des temps forts des débats.
Pour parvenir aux 30 propositions finales, 22 synthèses régionales ont été
analysées. A raison d'une quarantaine de propositions par région, un millier de
préconisations sont ainsi remontées. La méthode de compilation a consisté à les
classer "en fonction des quatre questions du débat", à effectuer
"un regroupement par convergence des propositions de toutes les
régions", à sélectionner "les propositions principales ayant émergé
dans une majorité des régions" et à identifier les "propositions les
plus opérationnelles", indique le document de synthèse.
Efficacité et sobriété
énergétique
En réponse à la première
question ("Comment aller vers l'efficacité et la sobriété énergétique
?"), on trouve six propositions. Tout d'abord, "développer fortement
(financièrement et réglementairement) les solutions alternatives de mobilité
pour freiner l'usage individuel de la voiture et l'accroissement du transport
routier" en recourant à des moyens très variés - pénalisation/dissuasion
de l'étalement urbain, développement de l'offre de transports publics et de
l'intermodalité, renforcement du fret ferroviaire, réduction de la vitesse sur
voie rapide et développement des zones 30km/h en centre-ville, péage urbain,
développement de l'autopartage et du vélo-partage, quotas de voies cyclables
dans les villes, développement du télétravail, plans de déplacements d'entreprises,
véhicules à faible consommation, voitures électriques en milieu urbain. Autre
mesure au chapitre de l'efficacité énergétique : " mettre en place un
réseau de proximité de guichets uniques à destination des particuliers et des
entreprises dispensant une information indépendante et fiable, ainsi que des
conseils et un accompagnement de bon niveau sur des questions techniques,
juridiques et financières. Ce dispositif doit rassembler "tous les acteurs
ayant une valeur ajoutée" - les agences nationales (Ademe- Agence de
l'environnement et de la maîtrise de l'énergie, Anah - Agence nationale de
l'habitat, Anru - Agence nationale de la rénovation urbaine…), les institutions
locales (Adil - agences départementales d'information sur le logement, CAUE -
conseils d'architecture, d'urbanisme et de l'environnement, conseils en
énergie partagée, etc.) - et "s'appuyer fortement sur les
collectivités locales". Il faudrait aussi "rendre progressivement
obligatoire la rénovation des bâtiments les plus énergivores (logement et
tertiaire) en ayant recours à des outils contraignants et en installant le
principe de 'valeur verte'" selon une autre suggestion issue des débats
régionaux. Il serait par ailleurs nécessaire de "mettre en place des plans
territoriaux d'identification et de lutte contre la précarité énergétique par
la rénovation thermique des logements", s'appuyant principalement sur les
collectivités locales. Il s'agit ainsi "d'améliorer la coordination de
l'action territoriale, par exemple par les départements, sur la précarité
énergétique tout en renforçant la détection des ménages". En outre
"des plans ambitieux de formation aux métiers de la transition
énergétique, ciblant particulièrement le secteur des EnR et l'efficacité
énergétique" devraient être développés à l'échelle nationale et dans
chaque région. Il faudrait également "mettre en place un plan national
ambitieux de récupération de la chaleur fatale et issue de la valorisation des
déchets".
Quelle trajectoire pour
2025 ?
Concernant la trajectoire
pour atteindre le mix énergétique de 2025, la priorité doit être donnée à la
baisse des consommations (en particulier des énergies non renouvelables). La
production d'énergies renouvelables doit être développée "en donnant la
priorité aux ressources présentes sur les territoires" et en veillant
" à la solidarité entre les territoires pour ne pas créer une fracture
énergétique". Les régions suggèrent aussi de "diversifier davantage
et mieux équilibrer le mix énergétique en fonction des quatre principaux postes
de consommation : chaleur, transport, process industriels et besoins
spécifiques d'électricité". Il faut aussi "favoriser l'approche
économique circulaire", en développant "des modes de consommation
responsables et moins gourmands en énergie, basés sur les circuits courts,
l'agriculture peu consommatrice d'énergie, la lutte contre le gaspillage, le
recyclage et la valorisation énergétique des déchets (méthanisation,
raccordement d'usine d'incinération aux réseaux de chaleur…)". Les
questions énergétiques doivent être "popularisées" par
"l'éducation énergétique dans les parcours scolaires", par des
"campagnes d'information indépendantes sur la maîtrise de l'énergie".
Il a aussi été demandé dans les débats que soit "généralisé un étiquetage
énergétique fiable et indépendant sur les produits de grande consommation, les
entreprises, les collectivités, les établissements et service de l'état avec
exemplarité de l'Etat et des collectivités".
Comment orienter les choix
en énergies renouvelables ?
"Un fort consensus se
dégage pour un déploiement massif des énergies renouvelables. Ce développement
est perçu comme un moyen d'anticiper l'augmentation des prix de l'énergie et de
limiter les émissions de gaz à effet de serre tout en réduisant la dépendance
énergétique de la France", indique en outre le rapport. "Il s'agit
aussi d'une solution face à la crise, à même de créer de la valeur et des
emplois si l'on encourage fortement la recherche et les dynamiques
industrielles françaises et européennes." Cinq propositions portent donc
directement sur les énergies renouvelables. Il faudrait d'abord "mettre en
place un cadre juridique, administratif et tarifaire simple, stable et pérenne
pour leur développement". Autre nécessité : "développer fortement la
recherche sur le stockage de l'énergie et investir massivement dans l'évolution
des réseaux." Les régions veulent aussi "encourager le développement
et accompagner la structuration de la filière bois/biomasse en veillant à une
gestion responsable des ressources et en privilégiant l'approvisionnement
local", "lancer des plans nationaux ambitieux, déclinés par région,
pour le développement des énergies renouvelables les moins matures : solaire
thermique, méthanisation (agricole, industrielle, municipale, …), géothermie
profonde, énergies marines, hydroélectricité, énergies de récupération et
fatales y compris les déchets ménagers avec recherche systématique des
gisements à l'échelle nationale et régionale" Enfin, elles souhaitent
"renforcer significativement le fonds chaleur, en simplifier l'accès et
automatiser les aides." Il s'agit de lancer un "plan national
(décliné régionalement) de développement des réseaux de chaleur".
Coûts, bénéfices et
financement de la transition énergétique
Sur la question des coûts,
des bénéfices et du financement de la transition énergétique, les régions font
plusieurs propositions phares. La première consiste à "mettre en place une
vraie fiscalité énergétique cohérente avec les objectifs de la transition, plus
équitable entre énergies, sur la base de leur impact respectif" et à
"faire évoluer la fiscalité existante pour la rendre plus
dissuasive". "Le principe d'une augmentation de la fiscalité
énergétique (contribution énergie climat, internalisation des cout de la
transition énergétique) est acceptable si elle est progressive et surtout si la
traçabilité et le fléchage vers des actions de promotion de la transition sont
assurés. La priorité doit être donnée au traitement de la demande en
particulier sur les deux principaux postes de consommation (Chaleur et Transport)",
note le rapport. Il faut aussi "donner un vrai signal prix sur l'énergie
sans mettre en difficulté les ménages les plus précaires (tarification
progressive de l'énergie, baisse de la part des abonnements au profit du
kWh)". Les régions proposent également de "créer un dispositif financier de
déclenchement massif de la rénovation thermique simple, incitatif, pérenne,
accessible et adapté à chaque typologie de ménages (copropriétés, propriétaires
occupants, propriétaires bailleurs, logements sociaux, entreprises), compilant
les outils financiers existants et à venir" Elles veulent aussi améliorer
et renforcer le dispositif des certificats d'économies d'énergie (CEE) et en
élargir le champ des obligés. Elles souhaitent encore "encourager financièrement
et faciliter juridiquement les projets citoyens, coopératifs ou impliquant des
collectivités et les acteurs locaux", en levant "les barrières au
développement des structures de type Scoop ou SCIC portant par exemple des
projets d'énergies renouvelables, mais aussi en introduisant "des
mécanismes spécifiques de soutien pour les projets portés majoritairement par
des collectivités locales qui souffrent aujourd'hui de discrimination (appels
d'offre notamment)". Elles proposent aussi de "renforcer l'éco-conditionnalité
des aides publiques pour les rendre plus incitatives en faveur de l'efficacité
et de la sobriété énergétique", d'"améliorer la transparence du
calcul des coûts de production, de transport et/ou de distribution de toutes
les énergies afin de favoriser leur comparabilité (approche par coût
global)" et de "mobiliser les banques publiques (BEI, BPI, CDC)*, via
des mécanismes de prêt à très faible taux, mais aussi les banques privées à qui
pourrait être affectée une partie des Livrets Développement Durable à des taux
bonifiés pour la rénovation thermique ou la gestion de nouveaux livret
énergie."
Quelle gouvernance ?
Au sujet de la gouvernance
de la transition énergétique, le rapport estime que "l'Etat devrait doter
les collectivités d'une compétence énergie et leur donner les moyens d'agir
efficacement sur les plans technique, juridique et financier." Il faut
aussi "mobiliser tous les leviers pour tendre vers l'exemplarité de l'Etat
et des collectivités locales" - rénovation énergétique massive du patrimoine
immobilier public, évolution du parc automobile vers des véhicules électriques
et hybrides, etc. Il est aussi proposé de "renforcer la
planification énergétique territoriale et la compatibilité entre SRCAE (schémas
régionaux climat air énergie, NDLR) / PCET (plans climat énergie territoriaux,
NDLR) / Scot (schémas de cohérence territoriale, NDLR) / PLU (plans locaux
d'urbanisme, NDLR)", de "renforcer le rôle des PCET" et de
favoriser "l'intégration systématique de critères énergétiques dans les
documents d'urbanisme". Il s'agit aussi "d'encourager le droit à
l'expérimentation des collectivités en matière énergétique", de
"permettre aux collectivités autorités organisatrices de la distribution
d'énergie et groupements de collectivités exerçant cette compétence de jouer
réellement leur rôle d'autorité concédante" et de renforcer les moyens
d'ingénierie territoriale.
"Nous ne réussirons pas le redressement productif si nous ne considérons
pas la transition énergétique comme un défi technologique majeur, a déclaré
Alain Rousset, président de l'Association des régions de France (ARF) et de la
région Aquitaine à l'occasion de la remise du rapport. Ce débat a montré une
plus grande connaissance des problèmes de la part de nos concitoyens que l'on
pouvait l'imaginer. Le gouvernement doit désormais prendre des options
ambitieuses qui privilégient une vision à long terme et dépassent les
conservatismes. Les régions lui apporteront un soutien déterminé comme elles
l'ont fait tout au long de ce grand et fructueux débat". Philippe Martin a pour sa part salué "la richesse des débats dans les
territoires». "La recherche d'une forme d'autonomie énergétique des
territoires est clairement préconisée, sous réserve d'un contrôle public des
réseaux", a relevé le ministre. "La transition énergétique est un
enjeu structurant en matière de développement économique, d'emploi et de
solidarité", a-t-il déclaré. "Un des enseignements majeurs du travail
en régions, c'est aussi que la transition énergétique est une opportunité pour
les économies régionales", a-t-il ajouté. Mais, a-t-il mis en garde,
"si nous voulons aller vraiment vers la transition énergétique, ce n'est
pas seulement les spécialistes qui doivent être convaincus, mais l'ensemble de
l'opinion publique". A un participant qui soulignait que le débat avait
été le fait "d'un microcosme", le ministre a répondu: "C'est
hélas juste, l'enjeu est d'associer la population de manière beaucoup plus
forte."
Philippe Martin a rappelé que la dernière séance plénière du débat national le
18 juillet devrait permettre de finaliser des recommandations qui seront
remises au président Hollande lors de la conférence environnementale des 20 et
21 septembre. "Ces recommandations viseront à rendre la France
énergétiquement plus efficace et plus économe, moins dépendante du nucléaire et
des énergies fossiles pour aller vers un modèle de croissance qui préserve le
climat, tout en restant un modèle compétitif, innovant et créateur d'emplois et
de richesses", a-t-il expliqué. "Sur moi, il n'y a qu'un
seul lobby qui a de l'influence, c'est celui de l'intérêt général et des
générations futures", avait lancé un peu plus tôt Philippe Martin avant
d'inviter les participants au débat (ONG, entreprises, élus, syndicats,
experts) à "fixer une trajectoire" pour la France.
Après des années à la Ligue de l'enseignement en Meurthe-et-Moselle, Paul Brosse avait décroché
un poste de salarié contractuel de la ville de Saint-Etienne qui n'a pas été
renouvelé. Fin 2011, il s'est retrouvé au chômage à l'âge de 50 ans. "Mon
profil de senior avait peu de chances de convenir aux employeurs, mieux valait tenter
de créer mon propre emploi", explique l'autoentrepreneur, qui a tenu à
être présenté sous un nom d'emprunt.
Les petits boulots à la rescousse de l'emploi ! Autoentrepreneurs, stages, temps partiel, dans la
lutte contre le chômage, toutes les formes de travail sont les bienvenues, même
les plus précaires. Tandis que les dirigeants européens se sont entendus, le 28
juin, sur un plan antichômage des jeunes, en France et dans le reste de l'Europe,
en Allemagne, en Espagne ou même aux Etats-Unis, se multiplient les
"mini-jobs", toute forme de travail en free-lance, en "cloud
working" (mode de travail selon lequel l'essentiel de la collaboration
s'effectue en ligne), payés en honoraires, en droits d'auteur, à la tâche, ou
juste indemnisés pour ce qui concerne les stagiaires, à côté des traditionnels
salariés en contrat à durée indéterminée (CDI).
En Allemagne, IBM fait de
plus en plus appel à des indépendants. Aux Etats-Unis, les
"free-lance" sont si nombreux qu'une mutuelle a été créée pour prendre
en charge leur protection sociale. En Espagne, les temps partiels investissent
le marché du travail et ralentissent la hausse du chômage. En France, les
exemples sont légion d'ex-salariés qui vendent leurs compétences en direct sur
Internet, sur Seniorsavotreservice. com par exemple. D'autres, comme Paul
Brosse, s'essaient à l'autoentreprise pour garantir leur propre emploi. "Entre
2009 et 2012, la part des ex-chômeurs parmi les autoentrepreneurs est ainsi
passée de 35 % à 42 %. Depuis début 2013, il y a 1 200 personnes qui se
déclarent autoentrepreneurs chaque jour ouvrable, dont 50 % de demandeurs
d'emploi, la majorité dans le secteur des services", indique François
Hurel, fondateur de l'Union des autoentrepreneurs.
LE PREMIER EMPLOI À 27 ANS
La France compte 3,2
millions de chômeurs en catégorie A. L'entrée ou le maintien sur le marché du
travail est difficile, de plus en plus pour les seniors et traditionnellement
pour les jeunes : l'âge moyen d'accès à un premier emploi stable est passé
de 20 à 27 ans entre 1975 et aujourd'hui. En moyenne, les jeunes diplômés
mettent plus de trois ans à intégrer le marché du travail avec un contrat de
plus de six mois. Trois ans de galères et de petits boulots !
On comprend que les formes
de travail alternatives au salariat, qu'elles soient choisies ou subies,
fassent florès. Mais sont-elles susceptibles d'influer sur la courbe du chômage
? Pour l'économiste Etienne Wasmer, professeur à Sciences Po Paris, la réponse
est oui, car "cela permet de susciter plus d'activité, mais sous réserve
que ces dispositifs soient bien conçus, c'est-à-dire partiellement cumulables
avec des aides publiques comme le revenu de solidarité active ou l'allocation
d'aide au retour à l'emploi, par exemple. Sinon cela ne sera pas très incitatif
pour l'activité réduite."
En effet, après un an
d'activité, M. Brosse a décidé d'arrêter son autoentreprise, car il risquait de
perdre son allocation spécifique de solidarité de 470 euros, alors que son
autoentreprise ne lui rapportait encore qu'entre 300 et 500 euros par mois. "Ne
serait-il pas judicieux d'accorder aux seniors bénéficiaires de l'allocation un
système de régulation entre ce versement et les revenus de l'entreprise
permettant de soutenir l'esprit d'entrepreneur, même à une échelle modeste ?",
suggère celui qui va redevenir chômeur presque malgré lui.
Pour la jeune Géraldine
Rault, l'autoentreprise a en revanche été la bonne réponse au chômage. Ancienne
attachée de presse, elle s'est lancée en 2011 dans la création de bijoux – un
rêve d'enfance – avec Blooming Day. "Avant cela, j'étais chargée de projet
dans les métiers d'art, dans le cadre d'un contrat d'accès à l'emploi. Cela a
duré vingt-quatre mois. Ils m'ont formée mais pas embauchée",
raconte-t-elle. Ce qui l'a décidée à se lancer. Deux ans après le début de
l'aventure, Mme Rault avoue "ne pas rouler sur l'or", mais apprécie
cette nouvelle liberté. "On travaille pour soi, c'est valorisant, même si
pour la retraite ce n'est pas très avantageux, mais c'est dans longtemps",
explique cette jeune femme de 29 ans.
MOINDRE PROTECTION SOCIALE
Faire le "choix"
de "petits emplois" à temps partiel ou autres emplois atypiques est
indissociable d'une moindre protection sociale. Un nombre insuffisant d'heures
de travail dans l'année peut, par exemple, empêcher la validation de trimestres
de retraite. Géraldine Rault comme Paul Brosse sont donc bien sortis des
statistiques du chômage, au moins provisoirement. Comme les mini-jobs
allemands, le régime des autoentrepreneurs est donc susceptible de faire baisser
les chiffres du chômage, voire d'en inverser la courbe. A contrario, "sans
ces emplois atypiques, il n'y aurait pas davantage de chômage", affirme Mathieu
Plane, économiste à l'Observatoire français des conjonctures économiques.
L'explication de ce paradoxe est que l'autoentreprise, les mini-jobs, comme le
temps partiel sont des formes de travail partagé.
Ni l'autoentreprise ni les
mini-jobs ne créent réellement d'activité. En France, "l'activité des
autoentrepreneurs ne représente que 0,2 % du PIB", indique M. Plane. En
Allemagne, alors que l'hôtellerie et la restauration, où l'on manque de bras,
concentrent le plus grand nombre de mini-jobs (34 %), "le nombre d'heures
travaillées dans ce secteur n'a pas progressé. Il n'y a donc pas eu création
d'activité, mais partage du travail", indique Philippe Askenazy,
économiste et chroniqueur du Monde. Ce que confirme la réduction de la durée
annuelle de travail en Allemagne : "Avec un taux de temps partiel à 30 %,
contre 18 % en France, la durée annuelle moyenne du travail salarié a tellement
baissé qu'elle est aujourd'hui légèrement inférieure à celle de la France",
remarque M. Plane.
En revanche, ces emplois
atypiques apportent une vraie réponse en termes de maintien en activité. Ce qui
n'est pas négligeable, particulièrement lorsque le chômage s'installe
durablement, pour réduire au maximum l'éloignement du marché du travail. "La
proximité d'une personne à l'emploi est un élément favorable pour augmenter ses
chances d'accéder à l'emploi stable à plein-temps", rappelle l'économiste
et spécialiste de l'emploi Yannick L'Horty.
Le choix de l'activité à
tout prix est évidemment celui que font les jeunes qui enchaînent petits
boulots, stages et CDD dans la perspective d'accéder au marché du travail. Le
stage est devenu un passage obligé sans lequel on n'accède pas au saint Graal :
l'"emploi décent" au sens de l'Organisation internationale du travail
(travail, rémunération et protection sociale). "C'est hyper important de faire des stages, affirme Mylène Carpentier,
23 ans, étudiante de troisième année, qui passe trois mois dans une agence de
graphisme. Les Arts Déco, ce n'est pas
très professionnalisant. Là, on apprend le rapport avec le client. Ceux qui
réussissent le mieux à la sortie sont ceux qui ont la meilleure
expérience", dit-elle. Même si un seul stage est obligatoire pendant le
cursus, Mylène Carpentier consacre chaque été à une nouvelle expérience. Ces
dernières années, la pratique des stages a explosé : "Leur nombre en
milieu professionnel est estimé aujourd'hui à environ 1,6 million par an,
contre 600 000 en 2006", selon le dernier rapport du Conseil économique, social
et environnemental.
LE STAGE, SOURCE D'ABUS
Les entreprises du CAC 40
privilégient le stage, voire l'alternance, pour identifier les futures recrues.
A l'image de BNP Paribas, où Jean-Sébastien Calvao a été embauché en 2012. "BNP
Paribas nous a fait une présentation de son programme d'alternance, en
précisant qu'il était envisageable d'obtenir un CDI à la fin. En septembre,
j'ai commencé à l'agence d'Argenteuil où j'ai assisté les différents
conseillers un an. J'ai été embauché comme chargé d'affaires pour les
professionnels dans l'agence de Deuil-la-Barre dans le Val-d'Oise", dit ce
diplômé de master de l'université de Villeteneuse.
Mais le stage est aussi
source d'abus, notamment dans certains secteurs : "Dans le luxe ou la
banque, on peut facilement enchaîner cinq ou six stages sans rien obtenir",
affirme Julien Bayou, de Génération précaire. Les entreprises savent
opportunément se servir de cette main-d'oeuvre peu onéreuse, qui exécute une
mission souvent proche d'un premier emploi. Tarif de base : le tiers du
smic. "Je suis payé 436,05 euros par mois, mais j'ai la chance d'être chez
mes parents. Sinon, ce serait plus difficile", raconte Nicolas Dupont, 24
ans, étudiant au sein de Skema, une école de commerce, qui demande aux élèves
de consacrer dix mois de leur scolarité à des stages. De fait, après avoir été
cinq mois assistant chef de projet chez un éditeur de jeux pour iPhone, M.
Dupont occupe un poste de "Web category manager" (chargé du
développement d'une partie du chiffre d'affaires) au sein d'une place de marché
consacrée au bricolage. M. Dupont ne se plaint pas de cette situation. Mais
Génération précaire dénonce l'ambiguïté entretenue par les entreprises. "Evidemment,
les jeunes qui ont des responsabilités s'en félicitent. Mais au-delà de six
mois, on n'est plus dans le cadre d'un stage mais d'un emploi."
Le Conseil économique
parle de 100 000 cas par an affectés à de véritables postes de travail qui
devraient être occupés par de jeunes diplômés, soit 6 % du total. Porte d'accès
à l'emploi, le stage est tout bénéfice pour l'économie : "Il maintient
l'activité de l'entreprise et fait artificiellement baisser les chiffres du
chômage", souligne Vincent Laurent, de Génération précaire. En effet, les
stages ne sont pas comptabilisés dans la catégorie A des demandeurs d'emploi,
qui sert de référence aux dirigeants politiques pour communiquer sur
l'évolution de l'emploi.
Faute de croissance
créatrice d'emplois, la multiplication des "petits boulots", stages
abusifs et autres formes de travail atypiques maintient un pan de la population
en activité et "n'est pas un risque sur le marché du travail si l'on pense
qu'il vaut mieux travailler que rester au chômage, estime M. Wasmer. C'en est
un en revanche, si cela conduit à une pression à la baisse sur les salaires des
CDI. Ce type de dispositif doit être bien articulé avec le reste de la
protection sociale", souligne-t-il. A l'heure où nombre de salariés
bouclent leurs valises de vacances, les forçats du petit boulot se préparent à assurer
la continuité de l'activité de l'entreprise et à réduire les chiffres du
chômage.