lundi 26 mars 2012

dimanche 26 juin 2011

"Diois Transition " réflechit à la mise en place d' une Monnaie Complémentaire Locale


La relation entre la masse monétaire et les richesses
Gardez la comparaison en tête du rêve et de la réalité. La réalité ce sont les richesses: la terre et ses ressources, le rêve c’est la masse monétaire: les billets, les chiffres de vos comptes en banque. Il faut garder un lien entre la richesse et la mesure de cette richesse. Il faut qu’il y ait une confiance que le rêve représente bien la réalité. Quand nous parlons de crises financières et de bulles, c’est qu’on a perdu le sens de la réalité, que nous sommes repartis dans le rêve, on bulle. Et puis un jour la réalité resurgit. La bulle est de la taille de notre rêve: la différence entre ce qu’est la réalité et ce que nous avons voulu voir. En général tout le monde se plaît bien dans le rêve, mais le retour à la réalité est souvent beaucoup moins drôle. Donc il est important de garder une corrélation entre le rêve et la réalité, avoir confiance.
En écoutant le Mp3 sur le revenu de vie présenté par Thierry Crouzet et rassemblant Phyrezo, Stéphane Laborde, Olivier Auber, Florence Meichel et Philipe Scoffoni, je ne peux m’empêcher de faire un billet spécial sur ce que je perçois. On attaque ici le coeur du problème, et toute personne qui voudra se lancer dans la création d’une monnaie devra avoir conscience de ce rapport fondamental qu’il y a entre la masse monétaire et les richesses, et donc du pouvoir de la création de monnaie.
La monnaie, outil de mesure
La monnaie est un outil de mesure, comme le mètre, comme le kilo, comme la brouette. Elle permet à 2 individus qui ont des richesses diverses d’étalonner et de mesurer des tomates et des carottes. On estime la valeur des tomates avec l’outil de mesure. D’un autre côté on estime la valeur des carottes avec l’outil de mesure. L’outil de mesure permet de faire la passerelle entre les deux. On convertit. C’est un étalon.
Dans le troc: j’échange 1 kilo de tomate contre 1 kilo de carotte. Avec la naissance de la monnaie, j’ai confiance dans l’étalon de mesure et dans le fait que je pourrai l’utiliser plus tard pour l’échanger contre autre chose, c’est une sorte de “bon pour”. Donc un client arrive au premier magasin et échange 1 euro contre 1 kilo de tomate. Le soir, le marchand de tomate utilise l’euro reçu pour aller acheter 1 kilo de carotte. On nous répétait en physique et en math de bien mettre les unités car on ne mélangeait pas les tomates et les carottes, il se trouve que c’est justement ce que permet la monnaie: mélanger tout, mesurer tout sur un étalon commun, une unité universelle. Pour les unités de mesure de masse ou de taille on a déjà du mal à se mettre tous d’accord, pour l’énergie on doit bien avoir 10 unités différentes (joules, calories, newton, degrés, etc..) alors comment vous voulez que pour la valeur, chose absolument subjective, on arrive à trouver un accord universel? Il s’agit ici d’accepter que nous ayons des outils de mesures différents. Par contre lorsque nous voulons échanger, nous nous accordons à l’unisson pour trouver un système qui convienne aux deux parties. Comme si vous mettez en relation un grec et un russe, ils utiliseront sûrement l’anglais pour échanger, euh.. dialoguer pardon. Un outil de mesure que l’on puisse convertir selon les pays, les normes, les usages et les endroits. Universellement convertible.
La monnaie, outil de mesure
La monnaie, réserve de valeur
Quand nous commençons à utiliser la monnaie comme outil de mesure, et que nous pouvons l’échanger contre des biens réels, alors la monnaie devient une réserve de valeur temporelle. Entre le moment où je vends les carottes et je reçois le billet, ce billet a une équivalence de valeur des carottes ou des tomates ou autre chose. Ce n’est pas les carottes, mais ça équivaut aux carottes. Ça vaut les carottes, mais ça n ‘est pas les carottes. Cette monnaie ne marche que dans un système où tout le monde l’accepte et la reconnait comme valeur. C’est donc un accord collectif de reconnaître et de donner à la monnaie une valeur équivalente aux biens. Si un soir tous les magasins sont fermés et que vous mourrez de faim, vous serez bien emmerdés d’avoir 10€ mais aucun marchand de carottes à portée de main. Comme une énergie potentielle attend pour être transformée: le rocher en haut de la montagne n’attend qu’une pichenette pour être transformé en énergie cinétique, le billet sans marchand de carotte est une énergie latente, qui attend la pichenette pour être transformée dans le mouvement de l’échange.
Dans le troc l’échange est simultané, pas de piège de temporalité. Dans le crédit mutuel ou le SEL, il y a un décalage entre le moment où j’échange et je reçois quelque chose, la confiance repose dans l’autre. Dans la monnaie, la valeur repose dans l’accord collectif de ce système comme béquille. La monnaie est donc l’outil le plus performant, mais aussi le plus complexe.
Quelque soit le choix pour symboliser l’échange, de la complexité pour la décaler dans le temps apparaissent obligatoirement la confiance et le risque.
“Je t’achète tes carottes pour un euro”
Comment avoir confiance ?
La création monétaire permet d’anticiper sur la création de richesse et de rassembler les énergies pour les redistribuer du collectif vers le collectif.
Investir, c’est mobiliser les forces pour construire quelque chose qui augmentera la richesse demain.
C’est un pari sur l’avenir. Quand l’Etat créait de la monnaie pour soutenir un projet d’autoroute, ou une bibliothèque, il augmentait la masse monétaire, pour créer une somme qu’il investissait. Cette somme était utilisée pour acheter le terrain, payer les travaux, la construction, les salaires des hommes qui construisaient ces nouveaux murs, le mobilier qui occupait le bâtiment, les installations électriques et techniques pour qu’il fusse opérationnel. A l’ouverture de la bibliothèque, la richesse globale était augmentée pour tous. Un service en plus.
L’investissement a permis à l’économie du bâtiment, de l’installation de faire fonctionner leur savoir faire et de rémunérer des salariés, de payer pour des ressources. Les salariés dépenseront leurs salaires dans l’économie ce qui augmentera les activités collectives autour des salariés ou des entreprises choisies.
C’est donc un double effet: 1) collectif, un nouveau bien commun, pour tous, en service. 2) un boost pour stimuler et faire fonctionner l’économie
Super alors, quel est le risque?
Comme d’habitude, tout est rapport entre besoin et demande. Si la bibliothèque n’est pas utilisée, alors cette richesse collective n’est pas avérée. Si je créée 10 bibliothèques alors que les besoins n’existent pas, la richesse perd sa valeur.
Concentrer l’énergie en un point qui bénéficie à tous
Quand on créée de la monnaie, on utilise le pouvoir pour concentrer l’énergie à une zone précise. Les alentours irrigués de cette zone en bénéficieront, les parties qui en sont séparées non. Créer de l’argent augmente la masse monétaire donc baisse le pouvoir monétaire de chaque individu. Créer de l’argent, c’est diluer la valeur du billet.
Il est donc capital, j’adore utiliser ce mot, que les choix d’investissements collectifs se fassent au niveau le plus local possible, en fonction des besoins locaux. Exemple: avec une communauté d’un village, nous décidons collectivement de rassembler nos énergies (ou diluer notre argent, ça revient au même) pour construire une école pour nos enfants. Nous villageois diminuons notre pouvoir d’achat (augmentation de la masse monétaire) pour concentrer notre énergie à un point précis (terrain de l’école) pour y investir: bâtiment, travaux, équipement, mobilier: du travail rémunéré, que nous redépensons dans nos commerces locaux. Une fois l’école finie: la somme des richesse a augmenté: il y a une école en plus, la masse monétaire a augmenté: nous avons produit et échangé des biens et services.
Rien ne se créée, rien ne se perd: tout se transforme. Chacun a donc consenti une part de son pouvoir monétaire, concentré en un point, pour construire un édifice qui bénéficierait à tous = en se privant tous un peu de façon très discrète, on peut libérer une somme d’argent qui peut être investie en un point précis = l’inflation est une forme d’impôt pour celui qui a le pouvoir de création monétaire.
Aujourd’hui, rien ne se créée, rien ne se perd: tout se transforme: question pour une poignée de carambar, retracez le parcours des milliards d’euros de dette créés par nos pays, et donnez moi leur position finale.
Donc le pouvoir de création monétaire permet de concentrer l’énergie du collectif en conscience pour servir le bien commun. C’est un outil fantastique s’il est manipulé par la communauté pour la communauté.
Le bien et le mal
Tout outil peut être utilisé pour faire le bien ou pour faire le mal. Prenez un marteau, tapez dans le clou et c’est génial, tapez ailleurs et c’est le drame. Prenez l’argent. Dites vous qu’il représente la richesse matérielle réelle. Prenez conscience que nous avons délégué ce pouvoir de créer de l’argent à quelques uns. Demandez vous ce que vous feriez si vous aviez reçu ce pouvoir. Bien.
L’histoire est faite pour apprendre. Nous avons collectivement commis des erreurs, apprenons de ces erreurs pour pouvoir grandir et nous développer. La tentation resurgit toujours dès que l’on a entre les mains un tel pouvoir. Que faire contre la tentation? diviser le pouvoir, le répartir, en responsabilité collective. Que chacun s’implique dans la réflexion, sa réflexion, sa vision, et la vision collective.
Devenir maîtres de notre destin collectif.
Assumons.
Osons.
Co-créons!
Les monnaies sociales : et si on arrachait aux banques le privilège de la monnaie ?
La croissance du PIB reflète-elle le bien-être de notre société ? Notre richesse se mesure-t-elle à notre compte en banque ? Fin 2009, une amie nous prête le livre de Patrick Viveret, « Reconsidérer la Richesse », sa Bible nous dit-elle, elle deviendra aussi la notre…
Patrick Viveret critique le PIB, expliquant que cet indicateur est complètement inadapté aux grandes questions sociales et écologiques, voire qu’il est même contreproductif ! Même si la plupart de nos responsables ne se fient qu’à sa croissance, le PIB n’est pas vraiment la meilleure boussole ! Il se moque de la nature et de l’impact des activités qu’il additionne pourvu que celles-ci génèrent des flux monétaires. Il comptabilise positivement toutes les destructions. Aussi aberrant que cela puisse paraître, les catastrophes comme la vache folle, l’Erika ou encore les accidents de la route sont alors de vraies bénédictions pour notre Produit Intérieur Brut !
Une unité de mesure devenu objet de spéculation
Patrick Viveret poursuit sa critique avec le système monétaire.
L’argent est le nerf de la guerre, il régit notre monde! Or le droit de créer de la monnaie a été transféré aux banques à travers l’émission de crédits, sans véritable débat démocratique. Pourquoi une communauté ne pourrait-elle pas produire elle-même l’argent dont elle a besoin ? Après tout, la monnaie n’est qu’un moyen de paiement scellant un « accord » entre 2 parties. C’est une unité de compte qui ne devrait pas avoir de valeur en soi
Comme les mètres ou les kilos, la monnaie est un étalon qui permet d’additionner des éléments hétérogènes et ainsi multiplier les échanges. Mais au lieu d’être un simple moyen au service de la création de richesses, la monnaie est devenue un bien, un bien privé qui a lui-même de la valeur, objet de compétition, de spéculation, de thésaurisation. Et c’est ainsi qu’on finit par penser que la richesse se mesure à son compte en banque….
Parmi les solutions proposées par Patrick Viveret, les monnaies sociales ! Pour la première fois, nous découvrons cette expression originale qui associe deux termes à priori assez antinomiques.
Les monnaies sociales : point de départ d’une économie de partage
Elles désignent un ensemble de dispositifs d’échange de biens, de services ou de savoirs organisés par et pour de petites communautés au moyen d’une organisation monétaire ad-hoc, une monnaie propre à une communauté.
En d’autres mots, il s’agit d’échanger sans argent conventionnel mais avec une monnaie propre à la communauté. Créer une économie complémentaire, basée sur l’autogestion, le partage et la coopération. C‘est un peu comme du troc, mais en beaucoup mieux.  Avec le troc, si X veut acquérir un DVD auprès de Y, il faut que X ait quelque chose à offrir, d’une valeur équivalente, et qui intéresse Y. Sinon, l’échange ne peut avoir lieu. En créant une monnaie ad hoc, j’échange avec un membre auquel je transmets des unités de compte qu’il pourra utiliser, quand il voudra, pour acquérir ce qu’il aura choisi dans un autre échange.
Depuis près de 30 ans, de nombreuses communautés ont développé ce qu’on appelle les monnaies sociales. On en compte aujourd’hui près de 5000 dans le monde.
Elles désignent un ensemble de dispositifs d’échange de biens, de services ou de savoirs organisés par et pour de petites communautés au moyen d’une organisation monétaire ad-hoc, une monnaie propre à une communauté.
En d’autres mots, il s’agit d’échanger sans argent conventionnel mais avec une monnaie propre à la communauté. Créer une économie complémentaire, basée sur l’autogestion, le partage et la coopération. C‘est un peu comme du troc, mais en beaucoup mieux.  Avec le troc, si X veut acquérir un DVD auprès de Y, il faut que X ait quelque chose à offrir, d’une valeur équivalente, et qui intéresse Y. Sinon, l’échange ne peut avoir lieu. En créant une monnaie ad hoc, j’échange avec un membre auquel je transmets des unités de compte qu’il pourra utiliser, quand il voudra, pour acquérir ce qu’il aura choisi dans un autre échange.
Les monnaies sociales sont parfois perçues comme une innovation modeste de troc « amélioré ». Nous pensons qu’elles sont un fantastique vecteur de transformation de la société.
Les monnaies complémentaires locales permettent de :
Transformer la nature des échanges, en récréant le lien social, ciment essentiel d’une communauté.
Relocaliser l’économie en développant des sphères locales de production et d’échange de biens et services. La monnaie, n’ayant de valeur qu’au sein d’une certaine communauté, ne fuit pas à l’extérieur.
Lutter contre la pauvreté, en fournissant des moyens supplémentaires d’acquisition de biens, capables de multiplier par deux, et parfois par cinq ou dix, le revenu moyen d’une famille.
Lutter contre l’exclusion, en insérant les personnes sans emploi dans une logique d’échange mettant en valeur leurs capacités contributives et leur redonnant confiance et espoir.
Préserver l’environnement, en privilégiant production et consommation locales, et en valorisant les produits d’occasion.
Les monnaies sociales nous apparaissent comme un levier de transformation incontournable pour favoriser un développement soutenable. Convaincus à 200% par ce formidable outil, nous décidons de quitter nos emplois respectifs et notre vie parisienne pour consacrer nos prochaines années au développement et à la promotion de ces monnaies complémentaires !
Et l’aventure commence …
Et si on parlait de monnaies libres?
Monnaies libres, monnaies complémentaires, Open Money, monnaies parallèles, monnaies alternatives, ça vous dit quelque chose ?
Une révolution silencieuse est en marche pour changer la façon dont nous échangeons, revoir le sens et les valeurs que nous donnons au média qui nous unit et rythme nos vies : Et si on repensait l’argent?
Samedi 28 mai au CFPPA  de Die a eu  lieu une projection du film « la Double Face de la Monnaie » dans le cadre du « Réseau Diois Transition »  animé par Ecologie au Quotidien.
Le film fait une synthèse de ce qu’est l’argent et de ce qu’il engendre dans notre monde. Pour toute personne qui s’intéresse au déséquilibre en place, c’est un bon documentaire pour découvrir le sujet tout en abordant des alternatives concrètes et des solutions pour déconcentrer ce pouvoir et redonner du sens à nos valeurs.
Suite à la projection aura lieu un débat ouvert avec la salle pour dialoguer ensemble sur le film et le sujet capital de l’argent. Ce sujet est très vaste et la vague ne fait que commencer, elle va prendre de l’ampleur au fur et à mesure que nous avançons dans le temps et que le système monétaire traditionnel va montrer des signes de faiblesse. Elle ouvre de multiples possibilités, aussi bien en terme de monnaies pour le matériel ou de système de mesure, développement de la richesse sur Internet sans la capturer (paywall). S’y intéresser c’est se donner les cartes pour pouvoir s’organiser à un niveau local et recréer du lien avec ses communautés.
« Réseau Diois Transition » (RDT-MCL).
DIE, Rhône-Alpes, France
Le Chastel 26150 DIE
Tel : 04 75 21 00 56       
 Vidéos des Rencontres de l'Ecologie
Film de 1,56mn : http://www.terrealter.fr/voir.php?id=4
2009 Film de 2,30mn : http://www.dailymotion.com/video/xa2yh4_ecologie-au-quotidien_webcam?from=rss

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire