COMMUNIQUE DE PRESSE DES
COLLECTIFS FRANÇAIS CONTRE LES GAZ ET HUILE DE ROCHE- MERE NON A LA
PARTICIPATION DE LA FRANCE A LA RECHERCHE ET L’EXPLOITATION DES HYDROCARBURES
DE ROCHE-MERE EN GRECE
Après que Laurent Fabius
laissait entendre à quelques journalistes, le 17 janvier dernier, que la France
entendait «signer un accord permettant des recherches françaises sur le
territoire algérien dans le domaine de l'exploitation des gaz de schiste» (1),
annonce qui a vivement fait réagir les Collectifs algériens, et français (2)
opposés à la recherche et à l’exploitation des gaz et huile « de schiste » on
apprend maintenant que la Grèce pourrait devenir le nouveau terrain
d’expérimentation et d’extraction de cette ressource pour notre pays.
En effet, François Hollande,
lors de sa visite en Grèce le 19 février a annoncé que « La Grèce a décidé un
programme de privatisation », et que « les entreprises françaises seront
présentes ». Dans la foulée le président de la République a proposé à la Grèce
de louer à l'entreprise française DCNS (car la Grèce n'a pas les moyens de les
acheter!) deux frégates FREMM, navires multi-fonctions à vocation de missions
de souveraineté au large des côtes, dont on apprend par la presse grecque (3)
et française (4) qu'ils seraient utile pour sécuriser la recherche de pétrole
et du gaz dans la mer Égée, où Total a déjà des intérêts.
Les collectifs déplorent
l’incohérence voire l’hypocrisie des autorités de notre pays, qui d’un côté
interdisent la fracturation hydraulique sur le territoire - tout en autorisant
des forages de recherche dans des couches géologiques ou des gisements
d’hydrocarbures prétendument conventionnels dans notre pays – et prétendent
mettre en route la transition énergétique pour échapper aux énergies fossiles,
et de l'autre promeut et soutient dans un autre pays européen la recherche et
l'exploitation des hydrocarbures de roche-mère.
En juin 2012 le premier
ministre grec Antonis Samaras laissait entendre qu’un gisement de gaz naturel
offshore pourrait résoudre les difficultés budgétaires grecques : d’après
l’étude scientifique à laquelle il se référait, les réserves situées au large
de la Crète pourraient avoisiner les 3.500 milliards de m3 de gaz, de quoi
répondre aux besoins en gaz de l'Europe pendant plus de six ans, et un gisement
de pétrole d'environ 1,5 milliard de barils. Des chiffres qui, naturellement,
sont à confirmer et qui pourraient bien, comme cela a été le cas en Pologne,
être revues à la baisse. Roland Vially, géologue, responsable de l'évaluation
des ressources et des réserves d'hydrocarbures à l'IFPEN a d’ailleurs affirmé
dans une conférence (5) que seulement 6% de ce volume était récupérable
techniquement, il faut se demander où est la rentabilité financière de cette
industrie. Quoi qu’il en soit, Athènes a lancé une procédure d'octroi de permis
et a commandé des études sismiques pour préciser l'étendue des réserves
d'hydrocarbures. Les résultats sont attendus mi-2013.
D’autres raisons nous
poussent à dénoncer la volonté du gouvernement de participer à cette soit
disant valorisation des ressources grecques :
* Toute recherche gazière
ou pétrolière offshore en Méditerranée met gravement en péril l’équilibre de
l’écosystème marin, et, de là, les ressources halieutiques, que ce soit dans
les eaux françaises, en Grèce, ou ailleurs ;
* La Grèce est également
connu pour être le pays européen concerné par le plus fort risque sismique, un
risque qui serait amplifié par des forages et l’utilisation de la fracturation
hydraulique ;
* Une pollution et une
dégradation des eaux de baignade au large de la Grèce serait une catastrophe
pour l’économie touristique de la Grèce
* De fortes tensions sont
à craindre avec les pays voisins (Albanie, Turquie, Chypre, etc.) dans
l’hypothèse de la valorisation de ces ressources sous marines…
Nous refusons donc de voir
notre pays participer à la curée de ce pays, berceau de notre civilisation, en
grande détresse économique et sociale, au mépris de la population grecque qui,
cet hiver, se chauffe, au sens strict, de tout bois voire de déchets divers.
Aucune étude n’a réussi à prouver jusqu’à maintenant que l’exploitation des
hydrocarbures de roche mère était en mesure d’aider les habitants d’un pays,
quel qu’il soit, à lutter contre la pauvreté de sa population. La situation aux
Etats-Unis en est un exemple flagrant.
Pour l’ensemble de ces
raisons, nous dénonçons le cynisme du gouvernement français, et affirmons notre
solidarité au peuple grec.
Le 24 février 2013
Non-au-gaz-de-schiste-permis-préalpes-réseau-diois
(3) le quotidien grec Kathimerini
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